Algérie

Une volte-face surprenante


Le gouvernement Sanchez vient de bénéficier d'un soutien inattendu à sa position en faveur de la thèse du royaume marocain dans le dossier du Sahara occidental, le Parlement espagnol ayant du coup rejeté à une écrasante majorité un projet de résolution dénonçant le soutien du plan d'autonomie pour le règlement du conflit proposé par Rabat. Le parti populaire qui s'inscrit dans l'opposition et a jusqu'à ces derniers jours affiché une position favorable au processus onusien a contre toute attente opéré un virage à 180 degrés pour soutenir la démarche du Premier ministre Pedro Sanchez et contrecarrer l'initiative de certains partis indépendantistes. Cette volte- face du Parti populaire (principale formation de la droite espagnole et de l'actuelle opposition) a permis une surprenante victoire du gouvernement espagnol au Parlement, où le vote contre le projet de résolution devant pousser l'Exécutif espagnol à revenir sur sa position en faveur du plan d'autonomie du Sahara marocain, laisse supposer que le plan d'autonomie serait pour une bonne partie de la classe politique espagnole, est la seule et unique solution pour mettre fin définitivement à ce conflit. Du coup, on pavoise dans le camp de Pedro Sanchez tout en oubliant que le dernier mot appartiendra en fin de compte au peuple espagnol, c'est- à- dire aux électeurs de ce pays dont on sait qu'ils restent largement favorables au droit imprescriptible du peuple sahraoui à son autodétermination et à la solution onusienne d'un référendum organisé par la Minurso. Même si le gouvernement Sanchez trouve dans cette volte-face du PP un certain avantage et s'il se considère comme conforté et même consolidé, il n'en demeure pas moins que sa démarche reste contestée et décriée par la gauche républicaine catalane et des indépendantistes basques de Bildu. Dans cette affaire, les relations bilatérales algéro-espagnoles ne peuvent que subir davantage de dégâts, surtout que le gouvernement Sanchez vient de tourner le dos aux mesures dictées par l'Union européenne pour pouvoir approvisionner le royaume marocain en gaz. L'Algérie a toujours affiché une position claire et immuable, et elle privilégie avant toute autre considération la relation de bon voisinage et de coopération avec le peuple espagnol, compte tenu des liens historiques et des intérêts géographiques qui lient les deux pays. En rejetant la résolution par 252 voix contre (PSOE et PP) 70 pour et 11 abstentions, le Parlement a affiché son ancrage en faveur de l'occupation illégale du Sahara occidental par le royaume marocain, piétinant la légalité internationale et les résolutions de l'ONU comme de l'Union européenne et il a, du même coup, porté un nouveau coup aux relations bilatérales avec l'Algérie. Quant au choix du parti populaire qui, avec José Maria Aznar, a condamné voici quelques semaines à peine la démarche de Pedro Sanchez alignée sur les thèses du royaume marocain, il semble qu'il ait basculé sous des pressions occultes dont on saura, tôt ou tard, quels sont les soubassements et les termes exacts.