Algérie

Une voix ténue!



Comment dire ou parler des démocrates algériens' Certes, s'il existe encore ce genre d'hommes dans l'espace politique national. En vérité, ces derniers sont K.O. debout, depuis une bonne décennie. Ils tentent péniblement de survivre comme pour dire qu'ils sont toujours là! Cela ne trompe personne alors que cette frange de l'échiquier politique national, outre d'observer un curieux silence radio, ne s'est pas fait entendre sur les dossiers qui préoccupent la société. Les «démocrates» se sont bizarrement complus dans un isolement pas aussi splendide que cela puisse paraître. Cela induit en fait l'impuissance à surnager dans un milieu politique, certes difficile, où ils avaient, à tout le moins, leur mot à dire dans les affaires qui interpellent la société, en général, ses élites politiques, en particulier. On est fort tenté d'écrire que cette catégorie d'hommes est dorénavant portée disparue tant l'inexplicable recul des «démocrates» est inconcevable. Ont-ils jeté les armes et abandonné ce qui faisait leur raison d'être avant même d'avoir commencé le combat' Que sont donc devenus les leaders qui se revendiquaient de la démocratie et luttaient pour une Algérie plurielle, laïque et républicaine' Comment ces démocrates peuvent-ils aujourd'hui se retirer des joutes politiques au moment où se joue une partie cruciale pour le devenir du pays, laissant le champ libre aux islamistes et aux conservateurs qui monopolisent l'espace politique national' Certes, les islamo-conservateurs sont dans leur rôle de faire dans l'agitation politicienne, mais quel est celui des démocrates, qui observe le mutisme dans les débats d'idées et de politique générale' Où est donc le combat républicain présenté comme leur leitmotiv' C'est quoi un homme politique - qui se qualifie de démocrate-qui plus est déserte son lieu de travail, l'espace politique où se forge l'homme d'Etat et le politicien de haut vol' Qui a dit que le combat politique était un fleuve tranquille alors que c'est dans ce secteur que les coups bas sont légion' Comment devient-on un politicien si l'on n'a pas essuyé des avanies et des échecs répétés' Or, l'échec est l'un des paramètres de la lutte politique qui donne aux hommes de se transcender, c'est l'essence du combat politique qui s'étale dans la durée. La politique est une bataille au long cours, et lorsque l'on ne peut tenir le rythme, ou que la conviction et la volonté font défaut, il faut savoir reconnaître ses limites et faire autre chose. Quand on ambitionne de guider les hommes, il faut à tout le moins avoir des convictions et en accepter les servitudes. Dès lors, on ne comprend pas le silence que s'imposent les démocrates au moment où de grands dossiers engageant l'avenir du pays sont en débat. Nos républicains sont-ils sonnés à ce point' Pourtant, depuis plusieurs mois, ce sont les islamistes et les conservateurs qui occupent le terrain tirant profit tant des circonstances particulières que traverse le pays, que de l'absence d'une voix contradictoire. En fait, le malheur de ce pays est qu'il ne dispose pas de vrais hommes politiques, des hommes qui croient à ce qu'ils font et à ce qu'ils défendent, qui sont prêts à se mouiller, comme à aller au charbon. Or, nombre d'entre eux, sans pour autant généraliser, ne sont motivés que par la rente et les prébendes qui cachent le manque d'envergure politique. Or, à ce jeu les islamistes et les conservateurs sont certainement mieux placés. Et puis, le terrain de l'entrisme n'est certes pas celui des démocrates. L'Algérie a, durant les années de feu, payé le prix fort pour conserver son libre arbitre et ses choix citoyens, et les démocrates y ont joué un rôle prépondérant. Aussi, n'est-il pas temps que ceux d'entre eux, les plus conséquents, disent enfin que l'action politique doit changer de camp et qu'ils démontrent sur le terrain qu'ils existent et représentent l'une des réalités de l'Algérie moderne dont l'espace politique a vite été réduit à une dualité islamo-conservatrice. En fait, lorsque l'on observe le silence où se sont murés les démocrates, l'impression qui prévaut est une sorte de démobilisation de ceux et celles qui se sont investis durant des années dans la défense de l'Etat républicain, c'est-à-dire la préservation des libertés collectives et individuelles, des droits de l'homme et de toutes les valeurs qui cimentent l'unité d'une nation. Aussi, devenue affaiblie, la voix des démocrates risque de finir par s'éteindre.


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