Algérie

Une voiture d'air et de vent



Le rideau est tombé sur le Salon de l'automobile d'Alger, laissant chez les visiteurs une pointe de déception face aux prix élevés des véhicules exposés. Un sentiment de déception mêlé de scepticisme aussi après les déclarations tant des « officiels » algériens que des représentants des marques automobiles quant à l'éventualité de créer, dans un avenir proche, des unités de montage de véhicules particuliers en Algérie. Ce qui aura pour effet, espèrent-ils, de rendre les voitures commercialisées chez nous plus abordables.Malheureusement, les citoyens ne peuvent espérer pour l'instant, aussi bien de la part des marques qui vendent le plus de voitures que des responsables du secteur industriel, la mise en place dans un avenir proche d'unités de montage comme cela existe dans les pays voisins.L'Egypte par exemple, compterait pas moins de 25 unités d'assemblage pour une demande annuelle qui n'excède pas 100 000 véhicules, alors que le marché algérien en « absorbe », bon an mal an, plus de 250 000 ! L'ambassadeur d'un pays européen, gros fournisseur industriel de l'Algérie, a même fait miroiter l'éventualité d'investissements dans ce domaine, sans donner toutefois plus de détails. Mais pour l'instant, les représentants des marques estiment sans doute que la situation vorace du marché fortement demandeur est plus intéressante commercialement, pour être « abandonnée » dans l'immédiat au profit de la mise en place d'unités de fabrication ou de montage à la rentabilité incertaine.Les hauts responsables nationaux de l'industrie estiment pour leur part qu'il est trop tôt pour envisager un tel type d'industrie mécanique. C'est ce qu'a laissé entendre le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements en annonçant que la voiture 100% algérienne verra le jour dans dix ans. La voiture fabriquée en Algérie, quelle promesse ! Une promesse qui ne date pas d'hier. Certains citoyens se rappellent sans doute d'un prototype de véhicule, la Mina 4, présenté à la fin des années soixante, à la Foire internationale d'Alger. L'étrange véhicule a fait « jaser », à l'époque, le Tout-Alger.Les plus sceptiques ont vite vu dans la voiture 100% algérienne promise par M. Temmar un « remake » de la Mina 4. Un véhicule « d'air et de vent », comme on dit. Ne désespérons pas, dans dix ans, l'Algérie aura pris assurément une longueur d'avance sur les nations hautement industrialisées où les grands fabricants de voitures, en pleine crise de l'automobile, planchent déjà sur un véhicule électrique, le nôtre disposera dans dix ans d'un mode de propulsion « révolutionnaire » et en avance sur tous ses concurrents, grâce au vent ! Mais d'ici là, il faudra que le collègue de M. Temmar, chargé des Travaux publics, assure la livraison à temps de l'autoroute Est-ouest, dont les tronçons livrés sont fermés à la circulation aussitôt inaugurés en raison de graves malfaçons !Alors, quand on entend de pareilles choses, on en vient à regretter la disparition de cette race de bonimenteurs qui occupaient jadis les places publiques et les marchés, ces camelots qui vendaient du vent' Eux, au moins, le faisaient avec art.


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