Une visite sur fond de convergence économique mais d'énormes divergences politiques

Le président turc est attendu aujourd'hui en Algérie pour une visite de travail. Malgré la coopération économique, des réelles et énormes divergences existent entre l'Algérie et l'actuel pouvoir islamiste de Turquie.La visite de Tayyip Erdogan est la deuxième en Algérie, la première depuis son élection à la tête de la Turquie. En tant que Premier ministre, M. Erdogan a visité l'Algérie au mois de juin 2013. Au cours de son déplacement en Algérie, il a procédé en compagnie de M. Sellal à l'inauguration de la nouvelle aciérie de Béthioua (Oran), réalisée par une société turquoise. Ce complexe représente une grande opération d'investissement turc à l'étranger, comme l'a affirmé auparavant l'ambassade de Turquie en Algérie, et constitue un modèle de coopération économique bilatérale. Le complexe offre plus de 1 000 postes alors que le nombre de postes indirects à créer sera de 3 500 selon les estimations de la direction de l'usine. Tayyip Erdogan a souligné que les relations entre l'Algérie et la Turquie tendent vers «un partenariat stratégique». Dans ce contexte, il a cité le cas de la nouvelle aciérie Tosyali qui représente un exemple de l'excellence du partenariat entre les deux pays et des relations économiques bilatérales. Au cours de sa visite en tant que président de la Turquie, Tayyib Erdongan pourrait également signer d'autres projets avec l'Algérie. Une parfaite convergence existe entre les deux pays sur le volet économique où tout baigne dans l'huile. Malheureusement, ce n'est pas le cas pour le volet politique où d'énormes divergences opposent l'Algérie au pouvoir islamiste turc. Même le peuple algérien ne souhaite nullement pas que l'exemple de la Turquie actuelle, dirigée par un pouvoir islamiste, soit une référence pour l'Algérie. Il est de même pour la politique extérieure menée par le gouvernement turque, qualifiée de désastreuse par la majorité des pays de ce monde. Contrairement à l'Algérie qui considère que l'ingérence dans les affaires intérieures des autres pays est une ligne rouge, l'actuel pouvoir en Turquie est à l'origine de plusieurs conflits dansde différents pays. Parmi ces scandales, nous pouvons citer l'implication directe de la Turquie dans la révolte qu'a connue la Libye et le renversement par la force du pouvoir dirigé par le colonel Mouammar Kadhafi. Il est de même pour ce qui se passe aujourd'hui en Syrie où la Turquie est à l'origine de la détérioration sécuritaire dans ce pays. Le pouvoir islamiste en Turquie a non seulement facilité l'infiltration des milliers de terroristes en Syrie, il a soutenu en sous-main les «djihadistes» dans ce pays pour renverser le président Bachar Al-Assad. Tayyip Erdogan lui-même a fermé les yeux sur les transferts d'armes et de combattants aux frontières syriennes. Au mois d'août 2013 et en janvier dernier, des camions remplis d'armes ont été interceptés ? convoyés, selon la presse turque, avec la complicité des services de renseignements et d'une association islamiste proche du gouvernement d'Ankara. Une autre divergence de taille, l'Algérie et contrairement au pouvoir turc entretient d'excellentes relations avec les nouveaux dirigeants en Egypte. Ce n'est pas le cas pour le pouvoir dirigé par Tayyip Erdogan qui jusqu'à aujourd'hui refuse de reconnaitre la légitimité du président égyptien, l'accusant de putschiste. Ne s'arrêtant pas là, le pouvoir turc version Tayyip Erdogan continue de donne l'hospitalité aux militants des Frères musulmans, recherchés pour divers crimes perpétrés en Egypte. En somme, ce sont ces divergences qui opposent l'Algérie au pouvoir islamique en Turquie qui pourraient empêcher les deux pays à entretenir à l'heure actuelle des relations bilatérales solides et diversifiées.