Algérie

Une visite pour l'avenir



La visite du prince héritier d'Arabie Saoudite en Algérie ne laissera personne sur sa faim, ni une déception. Décriée et dénoncée par des militants associatifs et des universitaires, cette visite de celui qui est ouvertement accusé d'être l'instigateur de l'un des pires assassinats d'un journaliste et opposant politique s'est déroulée normalement, c'est-à-dire dans la plus grande discrétion. Pour autant, l'agenda aura été respecté de bout en bout, en particulier pour les hommes d'affaires des deux pays, ainsi que pour les ministres saoudiens faisant partie de la délégation du prince héritier. L'Algérie comme l'Arabie Saoudite sont liées par des accords de partenariat économique, sont de bons partenaires dans le domaine politique, mais également partagent la même vision au sein de l'Opep et de la Ligue arabe.A Alger, le ton est plutôt orienté vers le maintien, sinon le renforcement des relations politiques et économiques, culturelles également, avec l'Arabie Saoudite et la réception du prince héritier, éclaboussé par le scandale du meurtre d'un journaliste saoudien, ne peut être pour autant vue autrement que comme une simple visite de travail d'un dirigeant d'un pays ami. Par contre, le faible volume des investissements saoudiens en Algérie, moins d'un milliard de dollars, ne plaide pas pour un raffermissement des relations économiques entre les deux pays. Bien au contraire, la frilosité des Saoudiens à investir en Algérie, tout comme les autres émirats pétroliers du Golfe, pose problème et ne plaide en aucune manière pour un rapprochement entre les deux pays.
Car si la politique a ses réalités, ses repères et ses vérités, parfois ses arrangements contre nature, l'économie a cependant ses propres règles, simples, qui se décryptent et se déclinent tout simplement dans le volume des investissements financiers. Cela ne ment pas et a l'avantage de refléter la vraie nature des relations entre pays, et plus les investissements sont importants, plus la relation est forte. Ce n'est pas le cas avec Ryad. La visite de MBS à Alger ne laissera pas de trace à long terme, car les montants des contrats d'investissements déclarés n'atteignent pas le milliard de dollars et portent sur des secteurs industriels tout à fait anecdotiques, comme si l'Algérie avait besoin d'une unité de production de papier hygiénique. Faut-il y voir dès lors une sorte d'arnaque des Saoudiens qui veulent intensément avoir les faveurs de l'Algérie sur le plan politique, pour ne pas dire un soutien mal rémunéré, face à ce qui se passe au Yémen par exemple ou se rapprocher de l'un des pays «amis» de l'ennemi de toujours, l'Iran '
A voir la réaction du président Bouteflika, qui n'a pas reçu le prince héritier pour des raisons de santé, il semblerait que l'Algérie a fait face à ses responsabilités pour ne pas offusquer l'Arabie Saoudite en refusant de recevoir un prince héritier bien encombrant sur son sol. Le communiqué de la présidence de la République explique qu'«alité du fait d'une grippe aiguë», le président Bouteflika «n'a pu recevoir comme prévu» le prince héritier d'Arabie Saoudite. A partir de là, toutes les lectures, politiques notamment, sont ouvertes, mais quelles qu'elles soient il reste qu'il y a eu cette visite à Alger d'un prince héritier décrié, mais dont certaines décisions peuvent changer le cours des événements dans le monde. En cela, ni Trump ni Poutine ne se trompent.


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