Algérie

Une visite éclair mais nécessaire


«Le Mali est un pays extrêmement important pour nous et tout ce qui concerne le Mali nous concerne aussi», a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, dans une déclaration à la presse à son arrivée dans la capitale malienne pour une visite d'une journée. Il poursuivra : «Je suis venu sur instruction du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, pour écouter d'abord, discuter et échanger les points de vue sur la situation au Mali de manière à ce que le peuple malien puisse vivre dans la paix, la sérénité et la concorde.»Quelques jours à peine après le coup d'Etat militaire contre le Président Ibrahim Boubacar Keïta, l'Algérie s'est déclarée concernée par la nouvelle situation politique créée par ce coup de force. Et le jour même de son arrivée au Mali, Boukadoum a été reçu par les membres du Comité national pour le salut du peuple (CNSP).
Lors des entretiens, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a réitéré «la disponibilité de l'Algérie à accompagner le Mali en ces circonstances particulières, comme elle l'a toujours fait». Cela traduit l'engagement indéfectible de l'Algérie envers le Mali, surtout dans ces circonstances toutes particulières.
A l'exemple de la mise en ?uvre de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du Processus d'Alger», indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Ces déclarations du chef de la diplomatie algérienne ne sont pas de l'opportunisme car, entre l'Algérie et le Mali, c'est une longue histoire qui tire ses racines de la guerre de Libération nationale. Derrière la frontière de notre voisin du Sud, une base arrière d'importance stratégique complétait le dispositif de lutte contre l'armée coloniale. L'indépendance acquise, les relations entre les deux pays ne pouvaient qu'être enduites de cette empreinte du passé. Pas très loin de nous, l'accident d'avion en 1981, transportant Mohamed Seddik Benyahia, ministre des Affaires étrangères, au Mali. Il échappera de peu à la mort au prix de multiples fractures. La distance entre les capitales des deux pays ? 5012,2 km pour 4h 15 mn d'avion en vol direct, n'est pas pour décourager les déplacements réguliers de personnalités des deux pays, y compris au plus haut niveau des Etats assurant la densification des échanges, aussi bien diplomatiques qu'économiques. La reconnaissance de l'Algérie indépendante au soutien des dirigeants maliens va au-delà de simples échanges protocolaires, les deux parties ayant exprimé la volonté d'explorer tous les domaines possibles. Pour cela, le besoin de stabilité s'est imposé surtout que les dangers se font de plus en plus flagrants. C'est sur ce volet qu'Alger et Bamako vont concentrer leurs efforts, d'autant qu'à l'intérieur du pays, une crise politique endémique menace la paix sociale et sa sécurité. Les Maliens eux-mêmes mettent en avant « le rôle éminent de l'Algérie dans la stabilisation de la crise malienne et sa résolution ». Il en est ainsi, depuis janvier 1991, de son rôle dans le Pacte national malien jusqu'à l'Accord pour la paix et la réconciliation, issu du Processus d'Alger et signé à Bamako en juin 2005.
Par ailleurs, il y a lieu de souligner l'étroite coopération contre le terrorisme et le crime organisé, très actifs dans la bande du Sahel. C'est pourquoi d'un côté comme de l'autre, l'on ne cesse de rappeler l'excellence des rapports entre les deux pays. Il est vrai aussi que la lutte pour la stabilité et la sécurité dans la région a éclipsé l'intérêt à porter sur les autres domaines d'intérêt économique et social. À 1,5 million de dollars d'échanges commerciaux, les défis à relever pour une mise à niveau sont colossaux, d'où les larges perspectives. Des initiatives sont, néanmoins, tentées. Il en est ainsi du Haut Comité bilatéral stratégique (CBS) dont l'Algérie a présidé la 14e session. La Caci (Chambre algérienne de commerce et d'industrie) a organisé une journée dans la capitale malienne en vue d'explorer les opportunités de coopération bilatérale, journée à laquelle ont pris part les opérateurs économiques maliens et algériens.
D'autre part, l'Algérie a participé, en qualité d'invitée d'honneur, à la Foire d'exposition internationale de Bamako, une occasion de s'enquérir des opportunités d'investissement et de partenariat.
Sur un autre plan, l'Algérie accueille environ 1 000 étudiants maliens dans les universités algériennes toutes disciplines confondues.
À ce propos, le sport n'est pas en reste puisque, récemment, 40 étudiants ont été admis au Centre de l'institut supérieur d'études sportives de Constantine. L'Algérie octroie des bourses d'études aux étudiants maliens depuis de nombreuses années, ancrant, par là, une désormais vieille tradition.
Au plan solidarité, Alger, par le biais du Croissant-Rouge algérien, a fait don récemment de 90 tonnes de denrées alimentaires et produits anti-Covid-19. Il faut savoir que la volonté commune de hisser les échanges commerciaux à un niveau supérieur s'est déjà traduite par l'exportation de 20 000 tonnes de ronds à béton vers le Mali et le Niger, grâce à une route maritime de la côte-ouest de l'Afrique via le port du Sénégal notamment. Cela pourrait augurer de bonnes perspectives d'échanges commerciaux par ce moyen. Autre possibilité lancée récemment par l'Algérie, le Mali et le Niger : le troc !
Connue sous l'appellation mémorandum, cette formule d'échange commercial se fera dans les régions frontalières des trois pays. Les conditions et modalités de commerce de troc frontalier sont, d'ores et déjà, fixées, une liste de leurs produits locaux a été établie. Au grand bonheur des populations de ces régions déshéritées et qui pourraient en tirer profit.
Brahim Taouchichet
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