Algérie - Ruines de la basilique Sainte Crispine	(Commune de Tébessa, Wilaya de Tébessa)


Une visite descriptive de la basilique de Tébessa

[...]Notre quatrième visite nous conduira au groupe de ruines connu sous le nom de Basilique.

Comme nous l’ayons déjà fait remarquer, ces construc­tions datent de différentes époques. Au temps où Theveste était dans sa plus grande prospérité, l’édifice ne comprenait que l’église et ses dépendances; à la deuxième époque, lorsqu’elle devint monastère ou mieux abbaye, viennent s’adosser contre elle les cellules monastiques. Enfin lorsqu’elle devint lieu de refuge pour les habitants de la plaine, s’y ajouta l’enceinte byzantine.Pour l’étudier nous commencerons, par cette enceinte et démolissant par l’imagination à mesure que nous les aurons étudiés les bâtiments adventifs, nous avancerons à reculons jusqu’aux bâtisses primitives.

Entrons donc par la porte actuelle et montons l’escalier d’honneur; du premier coup d’œil, nous remarquerons l’enceinte avec ses murs de soutènement du chemin de ronde, ses tours bâties à l’intérieur. A remarquer aussi la petite chapelle servant d’oratoire, lorsque la basilique servit d’habi­tation.Peut-être, comme le prétend Ballu, la place entourée de cloîtres qui lui fait face, fut-elle alors aussi transformée en bassin?

Pour nous faire une idée de l’époque précédente, il nous faudrait abattre les murailles et il nous resterait une magni­fique église devant une place splendide.

Autour de cette place, des cloîtres où les moines déam­bulaient.

Des deux cotés de cette basilique, habitations somptueuses avec petits cloîtres, enfin habitations des moines, qui servirent, à la dernière époque, d’écuries. Mais avant d’être monastère, l’église qui nous occupe était cathédrale.Arrivés donc au haut des marches, nous nous retournerons et constaterons qu’après quatorze marches nous sommes élevés de près de trois mètres. En bas, passe à nos pieds une grande avenue dallée, dont chaque extrémité aboutit à un passage semblable, terminé par une porte d’honneur de même structure et de mêmes dimensions. Sur les côtés de cette avenue se dressent des portiques qui font comme un cadre magnifique au majestueux perron qui aboutit à l’église.Descendons pour aller sur notre gauche étudier en détail une des portes d’honneur, la mieux conservée. Sur la face extérieure, l’arcade qui est encore debout, était ornée de quatre colonnes adossées à des pilastres et reposant sur des piédestaux. Sur la face intérieure du portail, deux grosses colonnes de marbre montant du sol supportaient un entablement richement sculpté et surmonté de statues.

L’autre porte d’honneur qui fait pendant à l’autre extrémité de l’avenue était semblable; avant de revenir à la basilique, montons à notre gauche sur le cloître et faisons le tour de la place, nous rencontrerons à chacune des faces un escalier qui aboutissait au chemin de en croix qui coupait la place; nous remarquerons la base des colonnes dont une est encore debout, surmontée de la première pierre d’où par­taient les arcades; une clôture de pierre servait de balcon.



Notre promenade nous a fait aboutir à l’autre porte d’honneur, revenons à la Basilique et avant de monter les marches, jetons un coup d’œil sur sa façade princi­pale; il dut y avoir d’abord un portique d’entrée ou porche soutenu par huit colonnes dont on voit encore les bases; ce portique protégeait l’atrium sur les deux côtés duquel s’élevaient deux tours symétriques, qui nous font penser à ce qui nous sert actuellement de clocher; on y voit d’ailleurs la trace des escaliers qui servaient à monter au premier étage de l’atrium, et de là aux tribunes de l’église. Montons les marches, traversons le perche, arrêtons-nous à la porte de cette tour servant d’atrium ou de parvis; cette cour entourée de galeries, de colonnes espacées de quatre mètres ressemblait aux cours intérieures de nos actuelles maisons indigènes; au centre se trouvait la fontaine des ablutions, utile à ce moment, remplacée de nos jours par les bénitiers dans nos églises, Sur la droite de l’atrium, une porte conduit au baptistère, petite salle qui a encore conservé sa cuve; on a trouvé au-dessous une canalisation pour l’écoulement des eaux.Ayant donc traversé l’atrium, nous arrivons à l’église pro­prement dite; elle ressemble à toutes les basiliques antiques avec ses deux bas-côtés, son abside demi-circulaire à laquelle sont adjointes des sacristies de droite et de gauche; on voit encore les traces des pilastres carrés qui supportaient des pierres chancels, c’est-à-dire séparant le chœur du sanctuaire.

Au milieu du sanctuaire, se voient encore les substructions de l’autel. La Basilique principale a quarante-six mètres de long sur vingt-deux mètres de large et la grande nef centrale a une largeur de huit mètres.



Quelle fut la beauté de l’édifice? Les consoles du troi­sième étage de la nef, les colonnes, chapiteaux admirablement sculptés qui furent trouvés, les nombreux fragments de sculp­ture, dont nous avons admiré les moulages complets dans l’église actuelle, la reconstitution de quelques arceaux nous le laine supposer; mais ce qui nous oblige à supposer un luxe de décoration incomparable, ce sont les dallages de mosaïque des nefs, dallages qui, pour la grande nef centrale, compren­nent trois compositions différentes plus riches les unes que les autres. Quant aux nefs latérales, un dessin géométrique sert de cadre à des motifs nombreux dont aucun n’est semblable. Que devait être la décoration des murs et des voûtes, si le pavé est déjà d’une telle richesse?



Sur la nef latérale de droite, est une ouverture large de trois mètres par laquelle on descend un large escalier de douze marches qui donne accès à une grande salle carrée; trois des faces du carré ont été repoussées en abside, ce qui donne à la salle l’aspect d’un trèfle.

Cette salle était décorée avec luxe; deux grandes colonnes flanquaient l’ouverture de chaque hémicycle; au centre le cadre en pierre affleurant le sol semblable au cadre du chœur de l’église qui fut autel; c’est là que fut trouvée sur la paroi nord, encastrée, la mosaïque, dont la reproduction en cubes de verre est au Musée. Dans cette même salle fut trouvé, près de l’escalier, le grand sarcophage de marbre, image de Rome chrétienne qui sert de soubassement à l’autel de l’église catholique actuelle.



A côté en communiquant avec la chapelle tréflée se trouve ce qu’on appelle actuellement la salle des martyrs, à cause des ossements de Possidius, évêque d’ldica, qui y furent trouvés, et d’autres saints, dont les restes reposent sous les crédences de l’église actuelle. Cette salle, autour de laquelle courait une galerie, devait renfermer le trésor de la Basilique c’est-à-dire toutes les choses précieuses; on pouvait, en effet, venir les visiter sans y toucher en entrant par une porte qui conduit à cette galerie et débouche de la tour de droite.Notre visite de la Basilique est terminée, asseyons-nous sur la dalle d’entrée de l’atrium et regardant vers l’Arc de Caracalla, regrettons que la route pavée qui y conduisait soit restée ensevelie sous les décombres des jardins, et remontons dans la poussière de la civilisation moderne.





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