Algérie

Une visite à lectures multiples



Annoncé dans plusieurs wilayas du pays à la fois, c'estfinalement à celle de Tamanrasset, dans l'extrême Sud, que le présidentBouteflika consacre sa première sortie de travail et d'inspection, depuis celleeffectuée il y a cinq mois dans l'est du pays.Le développement du sud du pays fait l'objet d'uneattention particulière de la part du chef de l'Etat, qui l'a matérialisée enfaisant inscrire dans les priorités de l'action gouvernementale la réalisationd'un ambitieux programme d'investissement multisectoriel consacré à cetterégion.Bouteflika s'est donc rendu à Tamanrasset pour inaugurerles premiers fruits de ce programme spécial Sud et lancer les chantiersd'opérations inscrits dans ce cadre. Tel le mégaprojet de transfert des eauxsouterraines d'In Salah vers Tamanrasset.Les observateurs voient cependant dans la visiteprésidentielle dans cette région du pays, d'abord et avant tout, la volonté del'Etat de contrebalancer l'impression véhiculée par les médias nationaux etétrangers que le sud du pays serait devenu une zone à haut risque sécuritaire,dont le contrôle échapperait aux autorités.En s'y rendant et en démontrant que, là comme ailleurs,l'Etat a engagé de grands chantiers de développement, Bouteflika entend ainsicouper court à une représentation de la situation dans l'extrême sud du paysaux couleurs islamistes, qu'exploitent certains milieux pour justifier lanécessité de présence étrangère aux fins d'aider l'Algérie et les autres Etatslimitrophes à contenir les menaces terroristes dont elle serait devenue lethéâtre potentiel.Ce n'est par conséquent pas le simple hasard du calendrierprésidentiel qui a fait coïncider la visite d'inspection et de travail deBouteflika à un moment où cette région focalise l'attention d'experts etd'analystes étrangers la décrétant zone d'instabilité et de dangers.L'autre lecture qui est faite sur ce déplacement du chef del'Etat dans la wilaya de Tamanrasset veut que Bouteflika ait choisi cetterégion, dont les populations sont réputées acquises inconditionnellement à sapolitique, pour démarrer sa campagne en faveur de son projet de révision de laConstitution.Pour les tenants de cette interprétation, il ne serait pasimpossible que Bouteflika dévoile, d'une façon ou d'une autre, à partir deTamanrasset, ses intentions sur un projet au sujet duquel son silence alimenteles spéculations les plus contradictoires dans les landerneaux politique etmédiatique. C'est dire que ces milieux suivront avec une attention particulièreles faits et gestes du Président pendant cette visite, avec l'espoir de trouvermatière à conforter le point de vue qu'il se font de ce que sera la décisionfinale sur ce sujet, et par conséquent de ce qu'il fera ou pas dans laperspective de l'élection présidentielle de 2009. D'ailleurs, tout cequ'entreprendra le Président en cette année 2008 sera observé et analysé parces milieux dans cette unique optique.


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