Une vision profonde et pacifiste sur l'avenir

Organisée par l'ambassade du Japon à Alger, la conférence sur la «Diplomatie japonaise» a retracé «toute la civilisation japonaise de la nuit des temps jusqu'au XXIe siècle, avec toujours les mêmes valeurs ancestrales», a soutenu le Pr Shinichi Kitaoka, et l'ambassadeur du Japon en Algérie, Tsukasa Kawada, jeudi dernier à l'université Alger III. Dans un auditorium archicomble et face à une assistance composée de professeurs et d'une majorité d'étudiants, Shinichi Kitaoka, professeur émérite de l'université de Tokyo, président de l'Université internationale du Japon, ancien ambassadeur du Japon auprès des Nations unies et président par intérim du groupe du Conseil auprès du Premier ministre sur la réforme du cadre légal et la sécurité nationale, a retracé l'histoire du Japon, depuisle IIe siècle avant J.-C. qui comprend l'histoire des îles du Japon, couvrant l'ancienne histoire de la région jusqu'aux temps modernes du Japon en tant qu'Etat-nation, évoquant les moments-phare de la civilisation japonaise depuis des millénaires.Un cheminement de gloire et de hautes personnalités qui ont régné dans le Pays du soleil levant. «L'empereur Nintoko, dont le tombeau est le plus grand qu'a connu l'humanité avec une superficie de 350 m2, le 16e du Japon, selon l'ordre traditionnel de la succession, eut un règne très prospère», souligne le Pr Kitaoka.De la préhistoire et origines du Japon, le professeur s'est arrêté à chaque période ou ère-phare, qui a empreint la civilisation japonaise de ses principaux fondements et valeurs. L'ère Jomon caractérisée par le développement de la culture, de la poterie, la période où l'influence chinoise gagne du terrain au Japon, notamment dans les domaines des travaux publics et de l'agriculture, fut le temps des Shaman et empereurs.Les origines de la civilisation japonaise, selon la légende, remonterait à 660 avant J.-C., date de la fondation du Japon par l'empereur Jimmu. L'apparition de la littérature japonaise au XIIIe siècle avec le plus vieux manuscrit, «un recueil de 10 000 feuilles qui serait la première anthologie de poésie japonaise, contenant 4536 poèmes répartis en20 volumes, traite de divers sujets tels que la nature, l'amour, les voyages, s'alimentant des traditions légendaires nationales.Ces poèmes sont toujours d'actualité au Japon et habitent l'esprit de tout Japonais», fait savoir le Pr Kitaoka. Les périodes de guerre et la nature de la religion bouddhiste, ainsi que la période médiévale qui a vu la séparation entre le pouvoir et la politique ou l'empereur et le guerrier sont des périodes évoquées avec beaucoup d'émotion par le conférencier.«L'unification du Japon, en 1590 grâce à Toyoomi Hideyoshi, un des trois grands unificateurs du pays s'en est suivie par l'expansion du commerce. Le développement des villes s'est fait dans un contexte de centralisation de l'Etat», note le Pr Kitaoka. Développements et rebondissements Durant cette période, un siècle de guerre a été suivi de deux siècles de paix où le Japon sort de son isolement, avec comme butin, une population instruite qui a vu émergé pleins d'érudits. L'enchaînement vient crescendo. En 1672, la restauration Meiji de 1868 initia de nombreuses réformes. Le système féodal fut aboli, le renversement de la famille au pouvoir et de nombreuses institutions occidentales furent adoptées, dont un système légal et de gouvernement ainsi que d'autres réformes économiques, sociales et militaires. L'écriture de la première Constitution fut un immense changement dans le Pays du soleil levant. Autant de réformes qui transformèrent le Japon en une puissance sur la scène mondiale.Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon est devenu une puissance économique. Il connaît une apogée culturelle et économique ainsi qu'une formidable croissance. Avec la guerre en Irak en 2003, la Constitution a été aménagée pour pouvoir déployer des troupes hors de son territoire dans le cadre d'opérations à caractère strictement non militaire (reconstruction, aide humanitaire?). De la sorte, le Japon espère acquérir un rôle diplomatique plus en rapport avec sa puissance économique. Selon le Pr Kitaoka, le Japon se voit aujourd'hui comme un leader et un facilitateur dans les relations, «pour un avenir meilleur, une cohabitation entre les civilisations, le respect des valeurs modernes des droits de l'Homme».