Mérite - Un indigène à la tête d'une école était quelque chose que les colons ne comprenaient pas, qui dépassait leur entendement.
Mokrane. Les Européens lui donnèrent du monsieur bien malgré eux. Normal, il était directeur d'école, l'un des tout premiers directeurs d'école algérienne nommé par l'administration française. Les musulmans par déférence l'appelaient Si-El-Hadj.
La confirmation de Mokrane à ce poste dans la commune mixte au sud de Tiaret était considérée par les colons en 1920 comme un geste inamical à leur égard.
Un indigène à la tête d'une école était quelque chose qu'ils ne comprenaient pas, qui dépassait leur entendement.
Mais ils ne pouvaient rien faire et rien enlever à son mérite.
Il avait obtenu son baccalauréat avec mention du jury et a fait l'Ecole normale où il était sorti major de promotion.
Il avait exercé dans les coins les plus reculés du bled, bref il a passé avec succès tous les filtres.Conscient de l'animosité de la communauté des pied-noirs, il répondra par le silence et surtout par le nombre impressionnant d'élèves admis chaque année au concours de sixième comparé à celui de l'école des colons.Mieux, il se fera un plaisir qu'il renouvellera les jours suivants en faisant ses courses au village, le soir après les classes en chèche et en burnous, la tête coiffée d'une superbe chéchia.
La plupart des Européens jaseront et riront sous cape, à commencer par l'administrateur et les notables, mais monsieur Mokrane n'en avait cure apparemment et maintiendra son cap jusqu'à sa brutale retraite en 1930.
Ses anciens élèves devenus plus tard des cadres ne sont plus de ce monde et les rares survivants se sont toujours demandés dans quel cimetière Mokrane a été enterré pour prier au moins une fois sur sa tombe.
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Posté Le : 18/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdenour Fayçal
Source : www.infosoir.com