Algérie

UNE VILLE, UNE HISTOIRE : Boutlélis, d'un point de halte à la ville prospère


UNE VILLE, UNE HISTOIRE : Boutlélis, d'un point de halte à la ville prospère
Boutlélis est une ville relevant de la wilaya d'Oran, située à l'ouest du territoire de la wilaya d'Oran . Son nom se réfère au marabout Sidi Ali Boutlélis, un homme vivant au XIVe siècle aux environs de Misserghine pendant la guerre qui opposait les Mérinides de Fès aux Zianides de Tlemcen. Ce saint était surnommé ?' l'homme au petit sac , en référence au petit sac miraculeux d'orge qu'il portait. À sa mort, il a été enterré dans une gouba près du bourg qui a pris son nom..Sous des tentes groupées en douars, les habitants de l'époque se déplaçaient selon le rythme des travaux agricoles. Ils vivaient, tantôt dans la plaine, tantôt dans la montagne voisine, cultivant quelques clairières en blé et orge, fauchant quelques prairies naturelles. Genre de vie pastorale extensif, bien médiocre, qui demande peu à une terre naturellement fertile. Autour du marabout de Boutlélis, le sol est couvert de palmiers nains, une nappe d'eau entretient le sous-sol en état permanent de fraîcheur. Bois, eau, vastes parcours offrent à proximité des possibilités pour l'installation d'un village. L'autorité militaire hésite sur le choix de sa position. La salubrité est compromise par les fièvres paludéennes et la dysenterie à l'état endémique, à cause du voisinage du lac salé de la Sebkha d'Oran et des marais qui entourent les sources ascendantes de Brédéa. Un camp, protégé par une redoute et commandé par un lieutenant, fut installé en ce dernier point, en 1840, comme gîte d'étape de la route d'Oran à Tlemcen, puis déplacé vers l'ouest pour fuir les marais. Le 1er septembre 1847, un décret royal fait de Boutlélis un centre de population, en réalité une annexe militaire de Misserghine. Le décret de 1848 en fait une colonie agricole et le décret du 5 avril 1855 un centre de colonisation. En effet, la loi du 19 mai 1849 décidait de la création de douze nouveaux villages en Algérie pour l'installation de 6 000 nouveaux colons. Cinq villages étaient prévus dans l'Oranais, quatre à proximité de Mostaganem et un à proximité d'Oran : Boutlélis qui fut créé en 1855 sur un territoire d'une superficie de 20 800 hectares .Le Génie commence à construire des maisons en bois à proximité du camp militaire et il n'y a, en dehors de la troupe que deux familles de maçons, à la fois cantiniers et éleveurs de porcs. Des demandes de colons affluent. Sur les soixante maisons prévues et construites en maçonnerie avec mortier de terre et crépissage, quarante-quatre sont achevées et prêtes à être concédées en septembre 1851. Quatre puits sont creusés dans le village par le Génie, une noria est en construction. Les lots sont tirés au sort et accordés à des familles justifiant de ressources suffisantes pour leur installation et l'exploitation du sol et choisis de préférence parmi les Français déjà fixés en Algérie. Pendant le premier trimestre 1852, sur proposition du Conseil de Préfecture de leur département d'origine, le ministre de la Guerre désigne, pour le centre, une centaine de colons agricoles, tous originaires de la France de l'Est : 24 du Bas-Rhin, 18 du Doubs, 10 de la Meurthe, 6 du Jura, 5 de la Moselle et 4 du Haut-Rhin. Presque tous mariés et pères de familles nombreuses, ils représentent un total de 441 individus, qui ont quitté leur village natal. Tous ne rejoignent pas le centre, certains le quittent peu après leur arrivée ou ne font que des apparitions passagères. Dès le début, douze sont frappés d'éviction, huit sont placés dans d'autres villages d'Oranie. Les vingt-sept maisons laissées libres par leur départ sont mises à la disposition de 189 transportés politiques du coup d'Etat de 1852 et avec eux Boutlélis prend un moment l'allure d'une colonie pénitentiaire. Sans ressources, ces pionniers ne peuvent subvenir à leur nourriture et manquent de tout, même de lits et de matelas. En 1853, à la suite d'une pétition des habitants, le lieutenant Bartel directeur du village, réclame secours et semences pour cinquante-trois colons nécessiteux qui ne possèdent ni matériel, ni grains, mais qui ont défriché une centaine d'hectares, prêts à être semés. En fin d'année, le village compte 433 habitants, soit 106 familles dont 23 arrivées en 1851, 58 en 1852, et 25 en 1853. En 1854, le peuplement du village est achevé avec 430 habitants tous Européens, les maisons ont été distribuées aux concessionnaires, sauf celles affectées aux services publics : mairie, culte, école. Pour améliorer la salubrité, l'autorité étudie le desséchement et la mise en culture des terres de Brédéa. En 1860, six ans plus tard, la population, tranquille, laborieuse, très attachée au pays mène une vie paisible et honnête, il y a peu d'oisifs et pas de mendiants. Chacun s'occupe de son travail et s'intéresse à la prospérité et l'avenir du village. En 1863, par décret impérial du 23 mars, Boutlélis devient une commune de plein exercice, une des toutes premières d'Algérie. La plupart des vieilles bâtisses disparurent, de coquettes demeures les remplacèrent. On avait comblé les fondrières où s'embourbaient les chariots de raisins et de céréales. Les rues étaient parfaitement revêtues et bordées de trottoirs carrelés comme les boulevards des grandes villes. Bref, Boutlélis changea de visage.. Des chemins vicinaux qui partaient de tous côtés dans la campagne, des travaux de viabilité aux différents douars et les adductions d'eau avaient rendu beaucoup plus confortable leur existence.
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