Une ville, une histoire Nasser

Collection - C'est un bidasse du contingent qui s'apercevra que la photo de Jamel Abdenasser cachait, en réalité, toute une série de photos de vedettes du cinéma et qu'il y avait lieu de libérer le jeune homme.
Mohamed est né près d'Alger, sur le littoral. Comme tous les jeunes de son âge, il s'éprendra très tôt de la musique chaâbie et de son chantre en particulier, Hadj M'hamed El-Anka.
Mais il avait aussi un faible pour le chanteur en vogue des années 50, Cheikh El-Hasnaoui. A chaque fois qu'il avait un moment libre, il fredonnait avec plaisir sa ritournelle préférée B'net essomba, b'net errumba.
Et, bien sûr, comme tous les enfants du quartier, il soutenait à mort son équipe fétiche le CRB et sa salle de cinéma préférée restait le Donyazad même si, ailleurs, on projetait des films western qu'il adorait. En 1955 alors qu'il n'avait que dix ans, il éprouvait une certaine fierté pour les frères qui se battaient dans les djebels et les fidayine qui faisaient trembler les Français.
Mohamed avait aussi une autre passion : la collection des portraits d'artistes égyptiens. Il avait réuni dans son porte-monnaie en plastiqque les photos de Abdelwahab, de Samia Gamal, de Leïla el-Djazairia et de Abbas Farès qu'il avait beaucoup aimé dans le rôle de Antar.
En 1956 il y ajoutera celle de Nasser qui venait de nationaliser le canal de Suez, c'était le héros number one du moment. C'est à un barrage militaire, près de Bab el-Oued, qu'il se fera contrôler et la photo de Nasser n'était pas pour faciliter les choses.
C'est un bidasse du contingent qui s'apercevra que la photo de Jamel Abdenasser cachait, en réalité, toute une série de photos de vedettes du cinéma et qu'il y avait lieu de libérer le jeune homme. On n'emprisonne pas un adolescent sous prétexte qu'il collectionne des photos...
Au lendemain de l'indépendance Mohamed écrira une très belle chronique dans un journal gouvernemental intitulée «Il n'y a rien de plus beau que Jamel...»