Nostalgie - Il mangeait avec volupté les poissons dont il n'a jamais trouvé le même goût en France et n'oubliait pas de prendre quelques glaces en guise de dessert comme le faisaient ses parents qui adoraient l'endroit.
C'est un pied-noir de Bab el-Oued qui a quitté l'Algérie en 1970.
A l'époque, il avait trente ans et a toujours gardé des liens avec ses amis d'enfance et surtout avec les habitants du quartier qu'il connaissait famille par famille. A Paris où il s'installera avec sa jeune épouse dont il ne partageait nullement les idées ultras, il travaillera dans une grande entreprise commerciale de taille internationale. Cela tombait bien, parce qu'il adorait voyager et surtout à travers les pays du Moyen-Orient qui lui donnaient l'impression de se rapprocher de l'Algérie. Et à chaque fin de mission, il déambulait avec plaisir à travers les souks et les marchés populaires pour sentir les odeurs et les senteurs qui ont éveillé et marqué son enfance.
Mais ils n'avaient rien à voir avec les fragances du pays. Alors pour rester toujours dans le bled tout en étant à Paris, il imagina un jour une opération simple et très efficace. Il téléphona à un chauffeur de taxi de Bab el-Oued qui avait grandi avec lui et lui demanda de bloquer le jour venu le véhicule uniquement pour son usage.
Il prit un billet d'avion pour le premier vol Paris - Alger du matin avec retour dans la même journée pour le dernier vol du soir. A son arrivée à l'aéroport, pas besoin de perdre du temps à marchander avec un chauffeur de taxi, son ami l'attendait. Direction Bordj-el-Kiffan. Là, il déjeunait et mangeait avec volupté les poissons dont il n'a jamais trouvé le même goût en France. Avant de quitter la table, il n'oubliait pas de prendre quelques glaces en guise de dessert comme le faisaient ses parents qui adoraient l'endroit.
Dans l'après-midi il faisait un tour sur le littoral et effectuait quelques courses rapides à Bab el-Oued. Le soir il rentrait à Paris retapé et en forme pour plusieurs semaines.
C'est le changement d'horaire de la compagnie nationale et l'obligation du visa qui mettront fin à ses escapades. Depuis on ne le revit jamais plus.
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Posté Le : 07/01/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdenour Fayçal
Source : www.infosoir.com