Algérie

Une ville, une histoire



Enigme - On dit qu'elle a été débarquée dans la nuit. Personne ne la connaissait à Médéa. Et pourtant dans ce gros village du Titteri des années 70, rien n'échappe aux habitants, pas même une nouvelle lézarde dans un mur.La jeune femme n'avait pas de famille, elle n'avait pas d'amis et encore moins de l'argent pour subvenir à ses besoins. Elle était strictement dépourvue de tout.
Pire, elle n'avait pas de nom et ne pouvait pas parler ou du moins refusait de parler pour contenir sa souffrance.
Sale et déguenillée, traînant comme une vagabonde de rue en rue et de trottoir en trottoir, elle a fini par faire partie du décor de cette ville et par passer presque inaperçue. Personne ne fera attention à cette clocharde
Elle disputera aux chiens leur pitance. Quelques-uns l'adopteront.
Elle se fera chasser et houspiller avec sa cohorte de «slougis» partout où elle passait.
Et cette cohorte deviendra bientôt une meute. Sa meute. Elle partageait avec elle tous les reliefs qu'elle ramassait des poubelles, comme à ses enfants.
Elle dormait à la belle étoile entourée d'une vingtaine de matous qui avaient trouvé auprès d'elle une tutrice et une maman. On l'avait surnommée «Rabéa et à Médéa aucun passant n'osait s'approchait d'elle tout de suite repoussé tant par sa saleté que par les toutous qui l'entouraient et dont certains pouvaient devenir très méchants.
On la craignait à défaut de la respecter et on la craignait d'autant plus qu'elle n'a jamais prononcé le moindre mot, la moindre syllabe.
Elle vivra ainsi pendant deux ans au milieu des animaux, les hommes lui ayant interdit à tout jamais l'accès de leur espèce.
C'est par un matin d'hiver, aux premières lueurs de l'aube qu'elle rendra l'âme, au beau milieu de la neige, à quelques mètres de la prison civile, veillée seulement par sa meute.
«Rabéa» est partie avec son secret. Qui était-elle ' D'où venait-elle ' Quelques langues apparemment ont commencé à se délier pour ne pas porter ombrage à une grande famille dont elle serait issue.
Un jour, on aura le fin mot de l'histoire.


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