Algérie

Une ville, une histoire



L'oublié - La ville de Mostaganem est connue pour ses agrumes et ses vergers et pour son vignoble aussi.Le vin des Souaflias était considéré, jusque dans les années 50, comme l'un des meilleurs vins de l'empire français.
Mais la ville s'est fait aussi connaître par ses créateurs de talent comme Abderrahmane Kaki pour le théâtre, cheikh Hamada pour la chanson bédouine et Si Lakhdar Benkhlouf pour le medh et la poésie.
Dans cette galerie de portraits, il y a pourtant un homme dont personne ne parle et que tout le monde fait semblant d'oublier : Benguela.
Ce nom ne dira sûrement rien aux générations actuelles, mais les hommes et les femmes des années 40 et qui sont encore en vie en savent quelque chose.
Accusé de meurtre sur la personne d'un policier français, le jeune Benguela alors âgé de 30 ans mettra à ses trousses les gardes mobiles, les gendarmes et les indicateurs de toute l'Oranie.
Mieux une récompense sera promise à tous ceux qui donneraient des renseignements pouvant l'arrêter.
Pour échapper aux poursuites, il prendra carrément le maquis avec sa femme armé d'un simple pistolet.
Et à force de tenir tête à l'administration et à déjouer ses pièges, Benguela deviendra dans l'imaginaire des indigènes une espèce de héros.
Des chansons vantant son courage seront écrites et mises en musique.
Elles seront même exécutées dans certains mariages avec une seule condition imposée par le chef de l'orchestre, que l'on mette un guetteur devant la maison nuptiale pour éviter les représailles de la police.
Sans être invité, Benguela, drapé dans un burnous sombre, fera, un soir, irruption dans un de ces mariages.
Les invités terrorisés n'osaient pas prononcer un mot tandis que les femmes plus courageuses redoublaient de youyous.
Il refusera la collation qu'on lui offrit.
Il ne demandera qu'une seule chose : qu'on joue le morceau qui lui a été dédié.
des témoins affirmeront plus tard qu'ils ont vu des larmes dans ses yeux.
il sera abattu une semaine plus tard à la sortie de Mostaganem sur la route d'Oran.
? Sur dénonciation d'un indicateur appointé.
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