Nous sommes en mars 1945 et les Français, du moins les pieds-noirs, sont encore tout grisés par la future victoire des alliés. Elle est sûre, elle est dans la poche. Ils ont prévu des danses sur les places publiques, des tournées générales dans les bistrots et ne finissent pas dans cette Algérie de papa de rêver au débarquement de Normandie et à la libération de la France. Même à Saïda, un gros village qui donnait accès au désert du Grand Sud, ce rêve faisait frémir tous les colons. Une affiche collée par la municipalité sur tous les murs invitait les indigènes âgés de 18 ans à se présenter à la mairie pour y subir un examen médical avant d'être enrôlés pour la guerre. C'est ce qu'on appelait à l'époque le «conseil de révision». Tout a basculé quand le médecin-chef chargé de l'opération refusa d'officier, sous prétexte que les Arabes étaient puants et sales et qu'il fallait absolument les amener de force au bain maure. A l'annonce de cette réserve du toubib et de cette décision qui sentait le racisme et le mépris de l'administration, des dizaines de futurs conscrits refusèrent net d'obéir aux injonctions. Ils s'en prirent alors à tous les symboles des Français, brûlèrent leur drapeau, incendièrent les commerces tenus par des colons, agressèrent plusieurs policiers et mirent une telle pagaille en ville qu'il a fallu plus de trois heures aux responsables locaux pour imposer l'ordre. Il y aura des morts parmi les Algériens, des blessés aussi, surtout parmi ceux qui ont osé brandir la bannière nationaliste.Cela s'est donc passé avant le 8 mai et les massacres de Kherrata et de Sétif.Un point d'histoire tout à fait méconnu et il est temps de lever ce voile.
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Posté Le : 06/03/2012
Posté par : archives
Ecrit par : Info Soir
Source : www.infosoir.com