Algérie

Une ville, une histoire Kadda



Une ville, une histoire                                    Kadda
Complexe - Il voulait à tout prix ressembler aux pieds-noirs et vivre comme eux.
Kadda était issu d'une grande tribu des Hauts Plateaux de l'ouest, les H'mondète.
Riche, beau il avait hérité d'une superbe ferme de son père, jadis vaguement chaouch ou caïd de seconde zone.
Cette hacienda qu'il avait peinte tout en blanc pour marquer sa différence avec les chaumières misérables de ses compatriotes, on pouvait la voir à la sortie de la commune mixte de Trézel.
Elle s'étendait sur plusieurs dizaines d'hectares.
Mais le problème de ce pauvre Kadda est qu'il avait un gros complexe, il voulait à tout prix ressembler aux pieds-noirs et vivre comme eux. Il achetait tous les jours au bistrot un journal qu'il dépliait devant les Européens alors qu'il ne savait pas lire, il s'habillait de la tête aux pieds de blanc pour montrer qu'il n'était pas un bouseux de la campagne et achetait ses provisions chez M. Faucon, la seule épicerie fine du hameau et dans laquelle ne s'approvisionnaient jamais les Arabes.
Bref, il avait toutes les qualités que recherchait l'administration française pour être un bon et loyal supplétif.
Ce qu'il fera dès 1956.
On lui confiera un poste bidon compte tenu de son ignorance et on le chargea d'occuper sa tribu dans ce dont elle excellait, l'élevage et de l'éloigner de la politique et des turbulences des fellagas.
Il louera au beau milieu de l'agglomération face au domicile du maire une dépendance de fondouk et la transformera en bureau.
Et comme il était profondément inculte, il évitera pour une fois le ridicule de le meubler d'une table et lui préféra des chaises en fer pour les «chikayate».
Il fera mieux pour prouver sa totale soumission à «sa mère patrie» : il peindra l'arbre qui se trouve sur le trottoir aux couleurs du drapeau français (bleu, blanc et rouge).
Malgré plusieurs avertissements adressés par les frères, Kadda ne prendra pas les choses au sérieux.
Pire, il continuera à narguer les villageois au point que tout le monde l'évitait, chacun ayant peur d'être pris pour une balance à son contact.
Dans la tête de Kadda, la France était invincible et ce n'était pas quelques enragés des montagnes qui allaient la mettre à genoux.
Il sera abattu sur la route de sa ferme au moment où il s'attendait le moins. Triste fin.


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