Algérie

Une ville, une histoire Leur mort était programmée



Une ville, une histoire                                    Leur mort était programmée
Piété - La veille de son départ, il avait laissé une bougie allumée toute la nuit à son chevet et avait beaucoup prié, selon des membres de sa famille encore en vie aujourd'hui.
La mort a toujours fait peur à notre espèce et devant elle tous les hommes sont égaux. C'est la grande vérité de l'univers. Si l'on sait avec exactitude quand nous sommes nés, à quelle heure et pendant quelle saison de l'année, personne en revanche n'est capable de dire avec certitude quand il passera l'arme à gauche et quand il ne sera plus de ce monde.
Et pourtant un homme et une femme dans ce pays, éloignés l'un de l'autre par l'espace et par le temps, ont annoncé à leurs proches, sans trembler le moins du monde, la date et l'heure de leur décès.
Le premier en 1950 et la seconde en 2009.
Le premier est un fonctionnaire de Tiaret, un homme extrêmement pieux qui a prédit à ses enfants et à ses brus qu'il ne reviendra pas cette année de La Mecque pour son deuxième pèlerinage.
La veille de son départ, il avait laissé une bougie allumée toute la nuit à son chevet et avait beaucoup prié, selon des membres de sa famille encore en vie aujourd'hui.
Et effectivement un mois plus tard l'administration française informait sa femme par télégramme de la disparition de son mari à Arafat.
La seconde est une femme moderne, bien en chair, bonne vivante et modérément pratiquante.
Elle est née à Hydra dans la banlieue huppée d'Alger et a toujours baigné dans un milieu aisé et confortable. Rien ne la disposait à prédire sa mort.
Et pourtant c'est ce qu'elle fera en 2009 pendant sa longue maladie.
Personne ne la prendra au sérieux et encore moins sa mère qui mettra ses élucubrations sur le compte des effets hallucinogènes de certains médicaments
Et lorsqu'elle sentira que son heure était venue Fatiha, c'est son nom, chuchotera à l'oreille de sa maman ces mots qui la glaceront d'effroi : «Prépare-toi, je mourrai lundi prochain à 16h. C'est ce qu'ils m'ont dit...»
Le lendemain elle répétera la même prédiction. Le lundi suivant, à 16h, elle ferma les yeux pour toujours.


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