Algérie

Une ville, une histoire Yamina, le boute-en-train du village



Une ville, une histoire                                    Yamina, le boute-en-train du village
Vocation - Il ne lui manquait à son arc, après avoir été systématiquement sollicitée comme cuisinière dans les «ouaddate», que la corde du témoin au tribunal.
Dans un petit village de la steppe, sur les plateaux du Sud vivait dans les années 30 une dame haut en couleur. Elle avait un sacré caractère et ne se laissait pas facilement conter.
Khalti Yamina prétendait qu'elle descendait d'un sultan local à l'est du Soudan et que la guerre dans ses tribus l'avait obligée à trouver asile et refuge dans ce hameau. N'ayant pas de métier et comme il fallait bien vivre avec son unique enfant, elle se mit alors à pratiquer la seule chose qu'elle savait faire accoucher les femmes. Et puis, de fil en aiguille, elle se construira une bonne réputation de marieuse. Ayant accès facilement à tous les foyers ; on viendra souvent de loin lui demander des conseils et des renseignements concernant la moralité de telle ou telle famille. Bref, khalti Yamina était devenue un personnage incontournable au village et rien ou presque rien ne se décidait sans elle d'autant qu'elle avait formé à ses heures perdues un petit groupe de «meddahate», un ensemble féminin qui manquait cruellement dans la cité. Et elle mettait une sacrée ambiance dans les fêtes qu'il s'agisse de fiançailles ou de baptèmes. Mieux encore, elle se découvrira même une vocation de pleureuse pour animer les funérailles. Il ne lui manquait à son arc, après avoir été systématiquement sollicitée comme cuisinière dans les «ouaddate» que la corde du témoin au tribunal. C'est un bien grand mot, tribunal, l'administration française avait ouvert dans chaque lieu de commune une structure appelée «tribunal de paix» où ne se traitaient que les petites affaires liées au chapardage, aux ivrognes, aux bagarres ou aux vagabondages. Et comme khalti Yamina connaissait tous les adultes du village, elle les avait mis au monde, il lui paraissait naturel de témoigner en leur faveur. Elle ne sera appelée à la barre que deux fois par le juge. Il lui interdira dorénavant de franchir l'enceinte du tribunal et pour cause... A chaque fois qu'elle prenait la parole pour défendre deux protagonistes qui se sont battus elle montrait ses gros seins noirs au juge en lui disant : «Celui-là a tété mon sein, et celui-là aussi, ce sont des frères...».


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