Algérie

Une ville, une histoire Les bâtons de la discorde



Une ville, une histoire                                    Les bâtons de la discorde
Règle - Après un contrôle de routine, l'homme est alors prié de laisser l'adresse de l'habitant qui l'héberge et son bâton lui est provisoirement confisqué.
Dans certains villages des Hauts-Plateaux comme M'sila, Saïda ou Tiaret ou même dans certaines agglomérations enclavées comme celles de l'Ouarsenis, les autorités coloniales avaient institué une police très particulière qu'on pourrait appeler aujourd'hui de proximité.
Lorsqu'un fellah étranger à la cité débarquait au bourg par exemple et pour peu qu'il ait une allure soupçonneuse, il était immédiatement repéré par les supplétifs indigènes et signalé au poste de police.
Un contractuel européen, en tenue kaki, l'interpellait alors dans la rue et l'invitait à le suivre au bureau.
Après un contrôle de routine concernant son identité et les motifs qui l'ont conduit au hameau, l'homme est alors prié de laisser l'adresse de l'habitant qui l'héberge et son bâton lui est provisoirement confisqué. Il ne le reprendra qu'au moment de partir.
Mais l'hypocrisie de cette police va plus loin et ne s'arrête pas là. Sachant que tous les fellahs ont par nature un bâton qui leur sert de canne, d'outil et d'arme de défense à la fois, cette police se fait curieusement très discrète le jour du marché hebdomadaire quand il y a foule.
Et pour cause :
Il y a toujours un différend qui oppose deux tribus, un lopin de terre, une mésalliance, un prêt non remboursé ou une dette d'honneur.
Et lorsque le contentieux n'est pas réglé sur une natte d'alfa au café maure en présence de quelques augustes chouyoukh, il est alors vidé sur place par une confrontation directe qui laisse...parler les bâtons.
Le sang coule forcément et il y a toujours des blessés à la tête.
C'est une fois que les indigènes se sont fait mutuellement la peau qu'arrive enfin la maréchaussée, sans se presser. Il n'y a ni arrestation, ni convocation, ni contrôle d'identité, ni quoi que ce soit qui leur ressemble.Elle se contente de confisquer les bâtons... pendant une heure ou deux.
Pour l'administration française les chikayas regardent leurs caïds, c'est une affaire intérieure.
Et leurs caïds les arrosent généralement d'insultes sous prétexte que les belligérants ont sali le burnous de la tribu et lui ont fait honte devant la France.


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