Algérie

Une ville, une histoire Les cloches de Zohra



Une ville, une histoire                                    Les cloches de Zohra
Leçon - Un soir alors que toute le village dormait à poings fermés, un homme profitant de l'absence du curé fera sonner les cloches de l'église si fort qu'elles réveilleront «Zohra L'brag»
C'est un petit village colonial du djebel Nador que rien ne distingue des autres bourgs occupés en grande partie par les Européens.
Le tissu urbain de ces agglomérations était toujours le même, partout identique. Une avenue centrale baptisée au nom d'une Sainte ou d'un général de Napoléon, des rues perpendiculaires de moindre importance, un hôtel de ville, un poste de police, un bureau de poste, une place centrale avec son kiosque à musique pour les fêtes du 14 Juillet et bien sûr une église.
Dans ce village du bout de la steppe, le hasard a voulu qu'un haouch où habitaient 8 familles sépare cette église de la mosquée.
Et à force de côtoyer la paroisse, les locataires ont fini par apprendre le langage de la cloche et ses codes.
Ainsi par exemple quand elle sonne trois fois de suite le dimanche matin, c'est l'appel des fidèles à l'office, quand elle sonne par un jour de semaine plusieurs coups longs, elle annonce la décès d'un membre de la communauté et lorsqu'elle sonne des coups répétés, saccadés, précipités, elle annonce en général un incendie et donc le rassemblement des pompiers devant la mairie.
Les pauvres locataires connaissaient également et bien malgré eux, un autre code, celui de leur voisine Zohra qui habitait une maison particulière attenant à leur haouch et que les gens avaient fini par surnommer «Zohra L'brag», Zohra l'éclair tellement elle était nerveuse.
Son dada, broyer le café torréfié à l'aide d'un pilon de plomb et faire le maximum de bruit. Elle adore le bruit surtout lorsqu'il dérange les voisins, c'est-à-dire, le matin de bonne heure ou tard le soir.
Et personne n'osait lui tenir tête.
Un soir alors que toute le village dormait à poings fermés, un homme profitant de l'absence du curé fera sonner les cloches de l'église si fort qu'elles réveilleront «Zohra L'brag».
Malgré une enquête dirigée par les policiers municipaux, l'homme ne sera jamais découvert.
On mit cela sur le compte d'un maraudeur.
L'homme récidivera pourtant trois jours plus tard mais cette fois avec l'intention de crever le tympan à tout le mode.Zohra était sûre que le sonneur habitait le haouch et qu'il voulait lui donner une leçon...
Elle l'a apparemment comprise. Depuis ce jour «Zohra L'brag» se tient à carreau.


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