Destin - Entre-temps, la nature avait fini son 'uvre. La petite jeune fille étant devenue une femme et même une très belle femme.
Elle a appris à monter à cheval très jeune, sans doute à 8 ans.
Mais à l'époque personne ne faisait attention à elle. Ses parents qui tenaient un fondouk dans le sud du pays dans les années 20 étaient pauvres et analphabètes et fermaient de temps à autre les yeux quand leur fille empruntait à l'écurie un étalon. C'était son dada, elle le caressait, l'enfourchait, faisait le tour du village non sans piquer un petit trot avant de le ramener à son box.
Les Européens, passablement indisposés par ce genre d'écart et qui plus est d'une indigène, en firent la remarque à son père avant de le menacer carrément de désordre public.
Pour éviter les histoires avec l'administration coloniale, l'homme interdira désormais à son rejeton d'approcher la moindre bête. Elle en gardera le souvenir de sa vie comme une blessure difficile à cicatriser. Entre-temps, la nature avait fini son 'uvre. La petite jeune fille étant devenue une femme et même une très belle femme.
Sa grâce naturelle, ses longs cheveux noirs jetés nonchalamment sur les épaules et ses yeux en amande lui ouvraient tous les codes et les interdits.
Et c'est au détour d'une brève visite à Oran où elle devait voir une tante, qu'elle rencontrera l'homme de sa vie, un Américain tout aussi fou qu'elle et comme c'était la fin de la guerre et que tout le monde était occupé à faire la fête, surtout les militaires, personne ne vit d'inconvénient à ce qu'on embarque cette jeune Algérienne et son mari pour les Etats-Unis.
Elle donnera régulièrement de ses nouvelles à ses parents, leur enverra des colis et des cadeaux et surtout des médicaments pour leur arthrose.
Et puis un jour, elle débarque au village sans prévenir, pas même sa famille.
Elle n'était plus Française aux yeux de l'occupant mais citoyenne américaine avec un passeport de l'Oncle Sam en bonne et due forme.
Elle habitait le Michigan avec son mari et tous les deux dirigeaient un ranch de plus de 500 hectares qui comptait au moins une quarantaine de chevaux.
Cette fois, elle ne se laissera pas faire au village qu'elle ne reverra sans doute plus.
Elle montera un cheval du fondouk et se pavanera le long du grand boulevard en tenant bien en vue d'une main les rênes et de l'autre son chapeau texan.
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Posté Le : 01/08/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdenour Fayçal
Source : www.infosoir.com