Algérie

Une ville, une histoire Le jeûne de Khadidja



Une ville, une histoire                                    Le jeûne de Khadidja
Consolation - Pour oublier sa grande détresse, elle se trouve une nouvelle occupation : visiter la tombe de son mari tous les matins et le pleurer de toute sa douleur.
Cette histoire tirée d'un fait réel aurait pu se passer dans n'importe quelle grande ville urbaine du pays, car ces agglomérations ont la tradition tenace qu'elles tiennent à la longue lignée des familles qui la composent.
Certaines, dont les arbres généalogiques remonteraient au XVIe siècle, ont le sentiment très fort d'appartenir à une caste bien précise, celle des «h'dars», celle des «ouled bled» et des «bent bled».
Khadidja faisait partie de cette crème, mais elle ne s'en est jamais vantée.
Au contraire depuis la mort de son mari, elle se sentait humble, extrêmement fragilisée et pour tout dire humiliée. Et pour cause, elle était sans enfant, sans ressources, sans métier et sans diplôme.
Les enfants de son époux issus d'un premier mariage l'obligeront à vivre dans une seule pièce de l'appartement qui devra lui servir de chambre à coucher, de cuisine et de toilette en même temps.
Pour oublier sa grande détresse, elle se trouve une nouvelle occupation : visiter la tombe de son mari tous les matins et le pleurer de toute sa douleur.
Et lorsqu'elle n'avait plus de larmes, elle ajustait alors son haïk et sa voilette et déambulait dans les rues jusque tard dans la soirée.
C'est une fois arrivée chez elle, dans sa misérable pièce, qu'elle s'apercevait qu'elle n'avait rien mangé de la journée. Pour sauver les apparences ' après tout elle faisait partie des nobles de la ville ' elle décide de donner à sa faim une tournure religieuse en la transformant simplement en jeûne perpétuel...
Frappées par la mystique d'une femme qui a eu le cran et le courage de faire ramadan douze mois sur douze malgré le froid et la canicule, quelques maisons bien en vue se firent un devoir de l'inviter à rompre le jeûne dans leurs familles.
Elles étaient même honorées de l'accueillir.
Et c'est ainsi que le bruit courut dans le milieu «h'dar» dont il faut reconnaître l'extraordinaire solidarité entre les membres, que la veuve Khadidja s'était désormais consacrée uniquement au «sièm».
Elle vivra comme un coq en pâte chaque semaine dans un foyer différent.
Elle fera le tour de la ville, choyée ici, aux petits soins là.
Parfois même on se la disputait. Voilà comment des «h'dars» ont fait passer à l'une des leurs, dépourvue de tout, les dernières années de sa vie.
Elle est morte il y a seulement quatre ans.


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