Algérie

Une ville, une histoire 17 ans de prison... pour une rafle



Une ville, une histoire                                    17 ans de prison... pour une rafle
Privilège n Ne pouvaient être libérés que les indigènes qui travaillaient chez les colons ou les commerçants français à condition que ces derniers donnent des gages par écrit et sur PV et des garanties sur leur comportement à venir
Nous savons aujourd'hui à peu près tout ce qu'il faut savoir sur les massacres de 1945 qui ont touché le Nord constantinois.
Nous savons même que le général De Gaulle, qui présidait l'éphémère gouvernement provisoire de l'époque, avait envoyé des condoléances aux familles des victimes européennes... et pas un seul mot aux victimes indigènes.
Pour punir les Arabes de s'être révoltés contre la France et ne pas leur donner pareille occasion à l'avenir, l'administration avait mis en place un système infaillible pour les humilier.
A Kherrata et à Guelma, les prisons étaient pleines à craquer et les Algériens pris dans des rafles ou des descentes de police étaient regroupés dans des camps de fortune en attendant que l'armée décide de leur sort.
Ne pouvaient être libérés que les indigènes qui travaillaient chez les colons ou les commerçants français à condition que ces derniers donnent des gages par écrit et sur PV et des garanties sur leur comportement à venir.
Pour ne pas se mettre à dos les tirailleurs algériens de retour au pays et qui avaient participé à la libération de la France, les responsables militaires de Guelma et de Kherrata les autorisaient à rendre visite aux membres de leur famille emprisonnés et même à en libérer un.
C'est ainsi par exemple que des sous-officiers algériens et même des hommes de troupe ont pu libérer un frère, un père, un oncle ou un cousin.
Et lorsqu'un père et un fils sont emprisonnés en même temps et dans le même camp, le militaire algérien devra choisir entre l'un et l'autre et généralement il laisse le soin au père de trancher.
Quant à ceux qui n'avaient personne pour les libérer, ni un parent dans l'armée ni un colon comme employeur, leur sort était décidé d'avance : soit ils étaient exécutés à l'abri des regards, soit ils pourrissaient en prison.
Après avoir passé 17 ans derrière les barreaux, sans jugement, ils ne seront libérés qu'en 1962 à l'indépendance.
Abdenour Fayçal


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