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Une ville, une histoire Reclus dans une chambre



Une ville, une histoire                                    Reclus dans une chambre
Célébrité n Nous sommes en 1965 et dans ce dernier «arrivage» d'invités se trouvait Youcef Wahbi l'un, sinon le plus grand homme de théâtre du monde arabe.
C'était l'époque où l'Egypte de Nasser se prenait pour la tutelle de notre pays. Considérant que nous n'étions pas assez arabisés, le raïs, le zaïm du Nil se fit un devoir de nous abreuver de «douktours», de «moudares» et autres «oustads» qui envahiront bientôt nos écoles, nos lycées et les quelques universités que nous avions.
Pour nous faire apprécier le génie et l'immense talent de ses artistes, Le Caire nous enverra régulièrement ses célébrités de l'écran et de la scène.
Les organisateurs algériens chargés de loger, de payer et de dispatcher ces troupes et ces ensembles n'en pouvaient plus de recevoir chaque semaine une délégation après l'autre. Et lorsque la capitale était pleine de ses «frères» plutôt encombrants et un tantinet méprisants, ils dirigeaient alors vers Oran quelques stars pour décongestionner leurs salles de spectacles.
Et c'est ainsi qu'atterriront à Oran quelques «étoiles» du firmament égyptien comme Farid Chawki, Hoda Soltane et Chikoukou.
Nous sommes en 1965 et dans ce dernier «arrivage» d'invités se trouvait Youcef Wahbi l'un, sinon le plus grand homme de théâtre.
Il faut lui rendre cette justice et le comportement arrogant des célébrités qui l'accompagnaient, n'enlève en rien à son art.
Parfaitement conscient qu'il était un superbe inconnu à Oran et qu'il ne pouvait comme au Caire, déchaîner les foules, il n'adoptera par amour-propre qu'une seule attitude : se porter malade et garder la chambre pendant tout son séjour à l'hôtel Martinez.
Il ne verra pas la ville, ne serrera aucune main ni ne signera aucun autographe.
Comme s'il craignait d'être déçu par un peuple qu'il a toujours admiré, comme s'il craignait de décevoir un peuple dont il ne connaissait pas la culture.
C'était la première fois qu'un Wahbi qui pouvait être l'égal de Raimu ou de Brecht s'enfermait et s'isolait dans une chambre d'hôtel pour ne pas avoir à affronter le public.
Ou peut-être, comme le signalait un confrère à l'époque, attendait-il que le public vienne frapper à sa porte et le supplier de monter sur les planches.
Nous ne le saurons jamais et Wahbi a emmené son secret dans la tombe.
Abdenour Fayçal
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