Algérie

Une ville, une histoire



Une ville, une histoire
Appréhension - Le stress et la peur faisaient que ces transporteurs, qui étaient tous des civils, n'avaient qu'une seule obsession : rentrer à la hâte et éviter de se faire repérer par les Allemands.
Pour des raisons de sécurité évidentes, la marine américaine, ou du moins sa flotte qui mouillait en Méditerranée pendant la Seconde Guerre mondiale, évitait de se rapprocher des côtes algériennes.
Particulièrement la rade de Mers-El-Kebir, à l'Ouest, que les Allemands pouvaient bombarder à n'importe quel moment. L'état-major américain avait installé tout au long du littoral oranais des canons antiaériens, mais, apparemment, sans grande efficacité.
Les serveurs des batteries de Mostaganem, par exemple, épiaient rarement l'horizon, selon quelques témoins encore vivants, et passaient le plus clair de leur temps à faire du business avec les autochtones, comme ceux affectés près des anciens abattoirs.
Ce sont les familles algériennes qui souffraient le plus de ce conflit, d'autant que tout était rationné en ville, le sucre, le café, la viande et même le pain. Cette guerre ouvrait évidemment la porte à toutes sortes de trafics et de contrebande.
Malgré les pénuries et les restrictions imposées par l'administration, des Algériens débrouillards vont trouver le moyen, non seulement de nourrir largement et copieusement leur famille et leurs parents, mais d'amasser même un petit magot qui leur permettra plus tard d'avoir pignon sur rue. C'est la mer qui leur fournira cette opportunité. Pour ravitailler leurs troupes au sol, les Américains déchargeaient en pleine mer des milliers de tonnes de cargaisons sur des barques et des chalutiers qui devaient les acheminer vers le port.
Le stress et la peur faisaient que ces transporteurs, qui étaient tous des civils, n'avaient qu'une seule obsession : rentrer à la hâte et éviter de se faire repérer par les Allemands.
Résultat, ils abandonnaient aux flots une bonne partie de leurs colis, d'autant qu'ils étaient lourdement chargés et qu'il avaient peur, en plus, de couler. De jeunes Mostaganémois, qui n'avaient rien à perdre et qui voyaient tout depuis les hauteurs de Tigditt, descendaient alors vers la côte, munis de sacs de jute, plongeaient et nageaient jusqu'au butin.
Il y avait de tout dans ces colis, du fromage, du beurre de la viande bovine, du café, des bonbons, du chocolat, des chewing-gums, du Coca-Cola, des gâteaux et, bien sûr, des parfums et des cigarettes en grosse quantité.
De quoi remplir plusieurs magasins d'alimentation générale. C'est ainsi que grâce à ces dons de la mer, plusieurs adultes montèrent une fortune colossale.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)