Algérie

Une ville, une histoire Belkheir



Une ville, une histoire                                Belkheir
Prudence - Sentant en 1960 l'indépendance imminente, il décidera de faire ses bagages et se réfugier en France pour éviter toutes représailles.
Il a quatre enfants et un troupeau de moutons dont il est très fier et comme son frère cadet a réussi dans les affaires, il lui a laissé son bain maure en gestion.
Belkheir n'a jamais quitté son Sud natal sinon pour quelques affaires urgentes au nord du pays. Une visite médicale chez un spécialiste par exemple.
Dans son village il a toujours été respecté d'autant qu'il est issu d'une tribu particulièrement appréciée pour son sens de l'hospitalité et de l'honneur.
Et comme c'est un excellent cavalier, on se le dispute souvent parmi les archs pour faire partie de la fantasia de la ouada de Sidi-Khaled. Quant au frère cadet il est poliment évité et même craint pour ses accointances avec les Roumis.
Personne ne sait comment il a été choisi, élu et sur quelle liste il s'est présenté mais il finira par siéger à Alger à l'Assemblée générale aux côtés du gouverneur Jacques Soustelle.
Sentant en 1960 l'indépendance imminente, il décidera de faire ses bagages et se réfugier en France pour éviter toutes représailles. Il forcera même son frère à le suivre sous prétexte qu'il n'était pas à l'abri de la vengeance du FLN. Ce n'est pas au camp de Drancy généralement réservé aux harkis, mais en Provence que les deux familles s'installeront avec armes et bagages.
Belkheir supportera difficilement cette transplantation. Elle était douloureuse surtout qu'il ne pouvait communiquer avec personne car il n'avait jamais parlé d'autre langue que sa langue maternelle.
Et lorsque la solitude et la nostalgie du pays lui pesaient et lui faisaient verser des larmes, il mettait alors son chèche, son fez, son burnous et s'isolait sur les flancs d'une colline pour jouer de la flûte... un air de sa campagne perdue.
Au bout de quinze ans il reviendra au village avec sa femme, l'estomac noué mais sans ses enfants ' ils avaient préféré rester en France.
Personne au hameau ne lui fera la moindre remarque car il n'avait rien à se reprocher. Il mourra dans son lit, quelques années plus tard, comme il l'avait souhaité, entouré de l'affection de sa tribu et de ses amis.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)