Une ville millénaire, un passé glorieux

Ecrivains, peintres, explorateurs et poètes, d'ici et d'ailleurs, n'ont cessé de vanter, à travers les siècles, la particularité de cette ville millénaire, "le c?ur battant de l'une des plus belles oasis du Sud algérien".L'écrivain journaliste Lazhari Labter vient de publier un beau-livre dédié à sa ville natale Laghouat, sous le titre Laghouat vue par des chroniqueurs, écrivains, peintres voyageurs explorateurs et conquérants. Riche de nombreux textes, témoignages, photographies et archives, l'ouvrage est une déclaration d'amour à la ville du poète Abdallah Ben Kerriou et sa magnificence. Ecrivains, peintres, explorateurs et poètes, d'ici et d'ailleurs, n'ont cessé de vanter, à travers les siècles, la particularité de cette ville millénaire, "le c?ur battant de l'une des plus belles oasis du Sud algérien, une ville charnière dans le commerce transsaharien, carrefour entre le Tell et le Sahara, le pays du Djérid au sud-ouest de la Tunisie et la région de l'Oriental dans le nord-est marocain", écrit dans son introduction Lazhari Labter.
Dès le 14e siècle, le ksar est signalé par Ibn Khaldoun dans son Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale". Dans ce passage, l'histoire de la ville est racontée à travers une autre ?uvre d'Ibn Khaldoun, sa Muqaddima en l'occurrence, où il est mentionné que les "Laghwat se sont fait remarquer par leur bravoure et par leur résistance à la domination des Arabes" qui envahirent l'Ifriqiya poursuit l'auteur, en 1050-1051.
Elle est également décrite dans la Rihla de Abou Abbas Ahmed Ibn Nassir el-Dar'i, qui entama son périple du Maroc pour rejoindre le Hidjaz. Le 8 septembre 1096, il rejoint Laghouat, une ville "qui recouvre une vaste contrée d'immenses terrains bien cultivés et qui produisent des fruits et des légumes". En sus de ces récits de voyages et les impressions de leurs auteurs, dûment rapportés par Labter, le lecteur retrouve des photographies, clichés et des reproductions de célèbres toiles de peinture de quelques grands noms de l'art pictural comme Fromentin, Gustave Guillaumet, Etienne Dinet, Marthe Leus. C'est dire l'émerveillement que cette ville produit chez tous ceux qui s'y rendent. L'auteur du Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry, y séjourna d'ailleurs en 1943 à l'hôtel Transatlantique en ne laissant toutefois aucun écrit sur son passage.
Albert Camus s'en inspirera pour l'écriture de la nouvelle intitulée La femme adultère, parue dans son recueil L'Exil et le Royaume. Janine et son époux Marcel voyagent vers les plateaux du sud de l'Algérie. Dans le bus qui les emmènent loin de leur appartement, Janine découvre le désert et sa rugosité minérale. Cette nuit qui sera une expérience troublante pour Janine est ainsi décrite : "Aucun souffle, aucun bruit, sinon parfois le crépitement étouffé des pierres que le froid réduisait en sable, ne venait troubler la solitude et le silence qui entouraient Janine.
Au bout d'un instant, pourtant, il lui sembla qu'une sorte de giration pesante entraînait le ciel au-dessus d'elle..." Et ce tableau d'Eugène Fromentin, Lisière l'oasis pendant le sirocco, une prouesse de technicité où l'on croirait réellement voir ce vent chaud du sud embraser la terre et le ciel. À ce propos, Théophile Gautier note : "Il semble qu'on ne puisse peindre le vent, cette chose incolore et sans forme, et cependant il souffle d'une manière visible dans le tableau de M. Fromentin (...) La rafale tourmente, courbe et déchiquette les têtes des dattiers, ployant les alfas, rasant le sol."
L'auteur ne manque pas enfin de rendre hommage à son père et au noble métier qu'était le sien, "waqqaf", dont la mission, écrit-il, "était de veiller à la répartition des eaux des séguias pour arroser les jardins". Et ces souvenirs d'enfance en compagnie du paternel dans les vergers. "Je me gavais selon les saisons de dattes, d'abricots, de pêches ou d'oranges tombées à terre ou cueillis dans les arbres. À cette école de la vie, j'ai appris les noms des arbres, des fleurs, des oiseaux et des insectes. C'est de cette époque que date mon amour pour la nature et sa poésie."
À noter que l'ouvrage est disponible dans les librairies suivantes : Librairie du Tiers-monde, la Librairie Générale d'El-Biar, l'Arbre à dire, Librairie des arts et des lettres, Librairie des beaux-arts, Librairie Multilivres à Tizi Ouzou , Librairie Mauguin à Blida, et la Librairie Le Palais du livre à Laghouat.

Yasmine Azzouz

"Laghouat, vue par des chroniqueurs, écrivains, peintres, voyageurs, explorateurs et conquérants" de Lazhari Labter, édition à compte d'auteur, année 2021, 241 pages. 4000 DA.