Une ville en pleine dégradation

La situation sécuritaire qu'on croyait en voie d'amélioration à la faveur du retour des forces de sécurité sur le terrain au lendemain des événements du printemps noir, se singularise toujours par les mêmes méfaits.En dépit des efforts remarquables des services de sécurité, la région de Béjaïa est rythmée par une montée alarmante de la délinquance, de vols par effraction, d'agressions à l'arme blanche et surtout de contestation. Vol, agression, prostitution et vente de boissons alcoolisées sont les fléaux qui touchent de plein fouet la société. Trois personnes ont été arrêtées pour kidnapping et viol. Une jeune fille maltraitée, âgée de 20 ans, originaire de la wilaya de Sétif a été sauvée de justesse des mains de ses ravisseurs par la Gendarmerie nationale. Une jeune collégienne a été victime récemment d'un viol collectif au quartier Sid Ali Lebhar. La brigade de lutte contre le trafic de drogue et de stupéfiants, relevant de la police judiciaire de Béjaïa, a appréhendé, dernièrement, deux narcotrafiquants qui s'adonnaient à la vente de kif traité au niveau de la cité Zerara. Agés de 22 et 24 ans, ces deux jeunes dealers étaient en possession de 100 g de kif traité sous forme de bâtonnets, lorsqu'ils ont été surpris par les éléments de la police judiciaire.Présentés devant le procureur de la République près le tribunal de Béjaïa, les mis en cause ont été écroués pour «détention et vente illégale de drogue». Les mêmes services ont réussi à mettre la main sur une bande de cambrioleurs de locaux commerciaux. Les rapports dévoilés régulièrement aussi bien par la Gendarmerie nationale que la sûreté de wilaya illustrent à eux seuls ce constat alarmant, qui ne comprend pas d'autres méfaits isolés et non portés à la connaissance des services de sécurité. Récemment un jeune a poignardé un autre jeune de son quartier. L'affaire a été tue sur place suite à un accord entre les deux familles. La violence verbale est particulièrement présente à chaque coin de rue. Pour un oui ou pour un non, des rixes éclatent. Le phénomène de prostitution et de création de lieux de débauche a tendance à prendre des proportions alarmantes dans la région de Béjaïa au même titre que les points de vente de boissons alcoolisées, lesquelles se métamorphosent en bars clandestins. Certains quartiers, que nous tairons ici, sont devenus pire que ceux de la côte Ouest. Des cafés en plein centre-ville de Béjaïa font office de véritables lieux de débauche qui ne disent pas leur nom au vu et au su de tous. Il ne s'agit pas d'une réaction morale mais l'évidence saute aux yeux. Certains cafés de la ville de Béjaïa ne sont pas fréquentables. Les familles respectables ont, depuis longtemps, déserté ces lieux mal fréquentés.Récemment, la gendarmerie de Sidi Aïch a saisi plus de 3 000 bouteilles de bière dans une descente effectuée au niveau de la commune de Tibane où deux points de vente clandestins sévissaient. Deux autres établissements de ce genre, dûment autorisés ont fait l'objet de contestation en raison des désagréments causés au voisinage.Ces quelques cas de dépassements de tous genres renseignent amplement sur l'état de dégradation de la situation à Béjaïa. L'on comprend alors aisément la réaction, parfois musclée des populations, notamment celles vivant aux abords des stations balnéaires de la côte est et ouest de la wilaya de Béjaïa. Il n'est pas rare, en effet, que spontanément des gens descendent dans les rues et bloquent la circulation en guise de protestation. Un mode d'expression qui revient souvent en l'absence de réponse aux doléances faites par écrit ou directement auprès des services concernés. Face à ce phénomène, qui se répète, les autorités de wilaya semblent avoir pris la mesure de la situation. Les investigations successives et les descentes menées par les services de la gendarmerie et de la police sont une réponse à la pression populaire. Les services de police ont repris du poil de la bête pour éradiquer tous les fléaux qui empoisonnent la vie des citoyens. Il reste à espérer que cela ne soit pas seulement conjoncturel.