Algérie

Une vie, une œuvre au service de l'Algérie




Universitaires, amis et membres de la famille de l'illustre intellectuel, décédé le 11 novembre 2009 à  l'âge de 73 ans, se sont réunis pour évoquer sa mémoire, son œuvre et ses analyses sur l'agriculture algérienne notamment, mais aussi son combat pour la cause des femmes algériennes. Diaporamas et films vidéo ont replongé l'assistance dans les souvenirs lointains ou plus récents de père de famille, de moudjahid, d'universitaire de talent, mais surtout d'intellectuel militant sans relâche pour que l'Algérie reste pérenne et assure son développement social et économique.  Après les prises de parole émouvantes de sa veuve et de ses enfants qui donnèrent un aperçu de sa vie et de ses  multiples luttes, son ami et disciple, Omar Bessaoud, retraça l'itinéraire intellectuel de Hamid Aït Amara. On apprend notamment que Hamid Aït Amara qui fit partie des premiers cadres du ministère de l'Agriculture entre 1963 et 1965, a consacré en ce temps-là, l'essentiel de ses analyses à  l'expérience algérienne de l'autogestion agricole, et à  la problématique des réformes agraires mises en œuvre dans les pays du Sud dans le contexte de la décolonisation. Dans les années 1970 et 1980, ses analyses porteront sur la révolution agraire algérienne, la crise alimentaire mondiale et les liens entre les stratégies d'accumulation et le secteur agricole. Pour Hamid Aït Amara, selon le témoignage de Omar Bessaoud, «l'absence d'une alternative industrielle (…) approfondit la crise agricole et la crise du développement, car elle a pour conséquence essentielle d'alourdir une charge démographique préjudiciable aux structures foncières». Une question que l'intellectuel approfondira au sein de l'Association algérienne de développement de la recherche en sciences sociales (AADRESS) dont il fut le principal fondateur et le principal animateur dès sa création à  Alger en 1991. Dans sa rétrospective de l'œuvre de feu Aït Amara, Omar Bessaoud fait remarquer, par ailleurs, que  la question alimentaire était stratégique pour Hamid Aït Amara parce qu'elle est de «celle que toute la société doit résoudre car elle conditionne son existence dans la durée». Hamid Aït Amara n'avait de cesse de dire, comme le confirme son dernier livre Quel avenir alimentaire pour l'Algérie que la dépendance alimentaire de l'Algérie risque de s'aggraver parce qu'elle se déroule dans un contexte «d'instabilité des marchés et de volatilité des prix, d'évolutions liées aux changements climatiques, à  la pénurie d'eau, à  la démographie mondiale, ou aux politiques libérales mises en œuvre sous la tutelle internationale (Banque mondiale, FMI et OMC). Il avait  notamment mis l'accent sur la nécessité pour l'Etat algérien de construire l'après-pétrole, de produire des biens et services industriels et de moderniser le secteur agricole en tournant le dos aux politiques libérales internes qui sont défavorables à  l'exploitation de tout le potentiel agricole de l'Algérie». Son souci, c'était la pérennité de l'Etat, confie Omar Bessaoud qui relaie une conviction inébranlable de Aït Amara, «l'Algérie a, certes, un potentiel agricole, mais il ne faut pas rêver», disait-il, «l'Algérie n'a pas de vocation agricole».


 


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