Algérie

Une vie de luttes



Décédé mercredi dernier des suites d'une longue maladie, Messaoud Babadji, enseignant universitaire et militant infatigable des droits de l'Homme et de la démocratie, a été inhumé, jeudi, au cimetière d'Aïn El-Beïda, à Oran, en présence d'une foule de proches et d'amis.Le défunt enseignait le droit à l'université Djillali-Liabès de Sidi Bel-Abbès et était un membre très actif de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (Laddh), bureau d'Oran, dont il avait géré les affaires courantes lorsque son président, Kaddour Chouicha, avait été emprisonné dans les circonstances que l'on sait.
En parallèle à l'enseignement et à la formation tous azimuts dans le domaine des droits de l'Homme, Messaoud Babadji s'est également beaucoup investi dans la promotion des droits de la femme, dénonçant avec acharnement le code de la famille et militant pour l'amélioration de la condition féminine aux côtés des associations féministes.
Celui que l'on avait commencé à surnommer Dda Messaoud était également un défenseur acharné de tamazight et avait pris part à de nombreux événements liés à la culture berbère en animant, notamment, des rencontres organisées par l'association culturelle Numidya.
Né le 20 juillet 1956 à Uzes-le-Duc, localité de la wilaya de Mascara qui sera rebaptisée Oued El-Abtal après l'indépendance, Messaoud Babadji a fait ses études secondaires au lycée Ibn-Badis, à Oran, avant de rejoindre l'université de Sénia où il a commencé ses combats en même temps que ses études supérieures.
La licence de droit en poche, il s'est envolé pour la France, précisément à Aix-en-Provence, où il a poursuivi sa formation à la Faculté de droit.
Bien qu'il ait eu la possibilité de s'y installer, il a fait le choix de revenir en Algérie pour se consacrer à l'enseignement et à la formation qu'il a préférés à la profession d'avocat qu'il avait brièvement tentée à la fin des années 90.
"Je préfère former les jeunes", aimait-il à dire en joignant l'acte à la parole, en s'activant autant à l'université qu'en dehors, au sein d'associations diverses ou dans son entourage familial.
Fils de chahid, Messaoud s'est naturellement dressé contre l'intégrisme terroriste et a jeté toutes ses forces dans la bataille pour la démocratie dans les années 1990 qui avaient vu ses compagnons de lutte tomber l'un après l'autre.
Son combat politique, il l'a mené au sein du Parti de l'avant-garde socialiste, Ettahadi, avant de rejoindre les rangs du RCD dont il devint, pour quelque temps, le responsable fédéral aux débuts des années 2000.
L'amoureux des libertés et de la démocratie qu'il était devait fatalement prendre à bras-le-corps l'explosion du 22 Février 2019 ? prolongement de ses combats de plus de 40 ans ?, révolte dans laquelle il se plongea corps et âme avant que son corps ne commence à le lâcher.
Le défunt, frère de Babadji Hamid, juge à la Cour suprême décédé en mars 2012, était âgé de 64 ans. Il laisse une femme, deux enfants adultes et une multitude de personnes en deuil, qui pleurent sa disparition sur Facebook.

S. OULD ALI


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