Une vérité crue sur la gouvernance algérienne

La diplomatie algérienne à deux têtes est un ouvrage que vient de publier le politologue, analyste et spécialiste du monde arabe, Mohamed Saleh-Benteboula aux éditions Dar El-Ouma.À travers ses 111 pages et les analyses rigoureuses que met l'auteur à la disposition de son lecteur, un autre regard est posé sur la politique et la diplomatie algériennes de ces dernières années. Le livre, Benteboula refuse de le dédier à ceux qui connaissent ou pensent connaître les rouages de la diplomatie algérienne, mais veut au contraire l'adresser au simple citoyen, celui qui se pose des questions quant à l'avenir de son pays et son état actuel. "Je n'ai pas rédigé ce livre pour ceux qui pensent connaître et encore moins pour ceux qui connaissent. Je fais appel aux citoyens et aux citoyennes de bonne foi qui se posent des questions sur l'Algérie d'aujourd'hui, qui essayent de saisir le comportement de sa diplomatie", précise l'analyste dans sa préface. Le politologue a choisi pour ce faire quatorze questions, souvent reliées entre elles, et dans lesquelles il propose des réponses, peut-être pas complètes ou entières, mais qui susciteront l'envie de mieux connaître la diplomatie, et pourquoi pas d'approfondir ces raisonnements. Les problématiques auxquelles s'est attaqué le spécialiste traitent de l'actualité que nous vivons en ce moment, comme la place de leadership algérien dans l'espace sahélo-saharien, et la coopération de l'Algérie avec les USA, dans la perspective de combattre le terrorisme dans les régions du Sahel et du MENA, car la présence et l'expansion d'organisations telles que Daech et Aqmi menaceraient, selon l'auteur, les intérêts des Américains, qui iront jusqu'à fournir, dès 2011, plus de 220 millions de dollars en assistance à la sécurité des frontières du pays. D'autres questions ont pour objet le rôle que jouent les ministres de l'Union africaine, des Affaires maghrébines et de la Ligue des Etats arabes, et celui des Affaires étrangères, respectivement Abdelkader Messahel et Ramtane Lamamra, dont les discours manquent, selon le commentateur, de pertinence et contiennent des contre-vérités éhontées, à l'instar du discours qu'a tenu Messahel concernant la libération des peuples du continent africain du joug colonial, lors de la journée de l'Afrique célébrée le 25 mai 2015 en déclarant : "Ce combat libérateur reste à parachever : le Sahara occidental est la dernière terre africaine encore sous occupation." Discours qui sera d'ailleurs qualifié de "cacophonie, langue de bois qu'il faudra inscrire comme troisième langue nationale".Yasmine Azzouz