Algérie

Une véritable plaie purulente


Une véritable plaie purulente
Contraste - C'est l'une des régions les plus riches du pays. Et pourtant, dès l'entrée, c'est un véritable choc esthétique qui frappe le visiteur.
A Laghouat, «nous devrions marcher sur du marbre», nous lance un jeune cadre en poste dans la région de Hassi R'mel. Plus grand gisement gazier d'Afrique, Hassi R'mel, à 130 km au sud-est de Laghouat, est, en effet, l'une des communes les plus riches du pays. Et pourtant, dès l'entrée, c'est un véritable choc esthétique qui frappe le visiteur.
L'une des choses qui retiennent l'attention d'emblée, c'est l'ampleur des bidonvilles qui s'étendent à la périphérie. Une véritable plaie purulente, avec des conditions de vie des plus cruelles qui jurent avec l'opulence supposée de cette circonscription aux généreuses recettes fiscales. Des baraques à perte de vue, érigées avec des matériaux de fortune et exposées aux quatre vents. Larbi, 35 ans, est l'un des pensionnaires de ces favelas. Il est installé avec sa mère dans l'une de ces bicoques infectes depuis 2001. «Mon père avait quatre femmes. Il a répudié ma mère et nous a chassés. Comme nous n'avions pas où aller, j'ai construit cette baraque», raconte-t-il. Alors que Larbi est agent de nettoyage dans une société de catering, ce qui lui sert de quartier est envahi par les immondices, transformant le bidonville en une poubelle géante.
Larbi assure que son gourbi ne dispose même pas d'électricité et qu'à la nuit tombée, il est obligé de s'éclairer à la lueur d'une bougie. D'autres ont recours aux bons vieux quinquets. «Nous vivons dans le noir absolu. Nous n'avons ni eau potable, ni électricité. Nous n'avons pas le droit de regarder la télévision comme tout le monde. Nous souffrons le martyre, été comme hiver. En été, le gourbi se transforme en four, en hiver, c'est une passoire. Nous sommes livrés aux scorpions, aux serpents, aux rats et aux bêtes sauvages», clame-t-il. Inventaire non exhaustif des innombrables plaies du ghetto. Larbi rejette catégoriquement l'idée que tous les habitants du bidonville seraient des étrangers qui se seraient «incrustés» pour bénéficier des présumés avantages de cette riche commune. «C'est complètement faux ! Moi, je suis né à Hassi R'mel dans la wilaya de Laghouat. J'y ai passé toute ma vie», objecte-t-il. «Mon père travaillait ici. Il était employé à GTP jusqu'à sa retraite.» 1 200 logements devraient être distribués incessamment aux locataires de bidonvilles. Une liste de bénéficiaires a été établie depuis plus d'une année. Larbi est ulcéré de n'y avoir pas trouvé son nom. «Je ne comprends pas sur quelle base a été établie cette liste», fulmine-t-il. Il exhibe un récépissé de son dossier déposé le 24 décembre 2002 à l'APC. «Certains demandeurs qui ont déposé leurs dossiers bien après moi, sont sur la liste et moi, je n'y suis pas. C'est injuste ! Je demande une commission d'enquête sur les critères d'attribution des logements. Il faut que l'APC et la daïra rendent des comptes à propos de cette opération. A Hassi R'mel, le zaouali est méprisé, écrasé. Le zaouali n'a aucun droit ici !» Il convient de souligner que certaines familles, pour fuir le terrorisme, ont été contraintes de s'installer dans ce bidonville. «Nous vivions tous les jours dans la terreur. Kan el khawf. C'est pour cela que je suis parti avec ma famille en 1996 et me suis établi ici», raconte un homme originaire de Djelfa.
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