Algérie

Une véritable force de la nature!



«le rouget est plein d'épines et il est difficile à décortiquer, surtout en l'avalant!»L'inculpé de coups et blessures volontaires ayant entraîné un repos de 12 jours, a comparu lundi devant le tribunal correctionnel et sans l'assistance d' un conseil, considérant qu'il a connu par le passé la même mésaventure et que le jugement lui a été défavorable.
«J'ai été attaqué par deux gaillards de ma trempe et je les ai bouffés en moins de deux!, dit-il à la juge avant de regretter que, les gens se gourent fréquemment lorsqu'ils s'attaquent à moi. Ils me prennent pour ce que je ne suis pas. Avec mes 188 centimètres et mes 103 kilogrammes, les provocations pleuvent. Ajoutez le pseudonyme qu'on m'a collé depuis mon plus jeune âge et vous comprendrez ma position de... victime et... je..., finit-il
-Et quel est ce pseudonyme svp, Et ne me dites surtout pas qu'il est imprononçable ou quelque chose de ce genre! coupe la présidente qui veut avoir toutes les informations avant d'avancer.
-Mais, voyons, madame: c'est le rouget!»
Et la magistrate, dans un bon jour de répliquer aussitôt:
«Pourtant le rouget est plein d'épines et il est difficile à décortiquer surtout en l'avalant!».
Le tribunal avait cessé de poser des questions car pour cet inculpé venu expliquer la raclée qu'il a infligée à Djamel et Hossein, les deux frangins qui s'étaient pris à deux pour rompre le cou à cette véritable force de la nature, lequel les a allongés pour un bon moment. D'ailleurs, le médecin- légiste s'est longuement étalé sur les blessures causées aux victimes pensant plutôt à des coups portés à l' aide d'une arme blanche, n'était-ce le témoignage des frères mis au tapis à mains nues.
«-Mais pourquoi cette rixe, bon sang'» demande, perplexe, la présidente qui attendait avec beaucoup d'impatience le pourquoi de cette bagarre. La réponse était toute simple et c'est le cadet qui allait fixer le tribunal.
A vrai dire, il n' y avait pas de quoi aller jusque-là. Mon frère n' a pas supporté le sourire narquois de ce jeune homme, alors il lui a sauté dessus en vue de le corriger...
-Attendez, attendez, vous dites bien que c'est votre frère qui a sauté sur l'inculpé' Vous êtes sûr de ce que vous avancez'
-Je suis là pour dire la vérité rien que la vérité, sinon que dois- je dire de plus'» réplique Hosseim qui ne regarde pas son aîné pour éviter tout malentendu.
Madame la présidente serre ses mâchoires, s'empare du stylo et passera deux minutes à transcrire des notes, sûrement précieuses pour la mise en examen de l' affaire.
Après quoi, elle sort le certificat médical en vue de trouver une trace qui la guiderait dans son jugement. Apparemment, elle n'est pas aidée par le document médical. Elle en profite pour poser une question à l'aîné à propos de qui a commencé les hostilités et à frapper le premier.
«Vous n'allez pas me raconter des histoires à dormir debout et je vous le dis de suite, j'ai sous les yeux vos dires devant la police.»
La seconde victime de l'inculpé entra directement dans le vif du sujet, comme pour faire plaisir à la juge. Elle prévient la présidente que ce qu'elle allait raconter est vécu. «Je ne vais pas me dérober et je vous le dis comme cela s'est passé. L'inculpé Sid Ali a murmuré des mots que mon frère a considérés comment blessants. C'est alors que l'affrontement a eu lieu et je...
-Vous ne m'avez toujours pas dit qui a commencé à donner des coups!
-Je viens de vous l'expliquer: les deux jeunes se sont rués en même temps; que voulez-vous que j'ajoute d'autre'
Il faut dire aussi que les deux victimes étaient aussi balaises que Sid Ahmed, mais la ruse a prévalu! Mis K.O, en moins d'une minute, il fallait le faire!
Le temps s'écoulait à la vitesse grand «V».
-Qu'Allah m'assène sur le champ un coup de foudre qui me fera fondre devant vous si je mens!
-Un coup de foudre' répond la juge visiblement amusée car le prévenu avait dit en langue française cette dernière phrase.
-Un coup de foudre, façon de parler, car un innocent dans mon cas, perdrait son...latin. Pour revenir à mon affaire, je vous répète que je suis innocent, oui innocent! Et puis vous savez très bien que les victimes ont tendance à grossir les faits. En quoi ces bribes revendues peuvent - elles m'enrichir' Un filet, cordage et du nécessaire de pêche, c'est combien tout cela, à supposer que je sois le voleur, madame la présidente, je vous le demande... et je...
-C'est moi qui pose les questions. La cour n'a pas à répondre aux prévenus. C'est la loi qui le précise pas moi! Restons dans l'essentiel et nous gagnerons du temps, voulez-vous'» coupe la juge à dessein afin de ne pas tomber dans des dérapages qui sont, pour les débats, inutiles. Le prévenu cessa pendant un bon moment de marmonner des trucs que lui seul, comprenait. Puis il reprit sa défense au moment où Mégari, la présidente de chambre aborda le pointilleux et ennuyeux passage des témoins à la barre.
Là, ce fut franchement un moment de lucidité du prévenu car il réussit à capter l'attention du trio de magistrats, mais surtout celle du représentant du ministère public qui, jusque-là n'avait pas ouvert les lèvres. Evitant de s'écrier, le prévenu, en entendant la juge évoquer l'absence des deux témoins, lança en direction de la salle d'audience comme pour prendre à témoin les présents sur ce qu'il allait dire: «Madame la présidente, vous parlez de témoins' Où sont-ils' Ils ne se sont jamais manifestés, ni devant le magistrat-instructeur ni devant le tribunal qui a pourtant renvoyé à deux reprises le procès, ni même ici devant vous et après deux renvois.
C'est triste comme situation; je ne peux plus fermer l' oeil car mon épouse et mes trois enfants me manquent sincèrement. Madame, libérez-moi! svp!»
Ce furent là les derniers mots de Omar dont l'avocat préféra faire court car son client avait tout dit et jugea utile de ne pas ennuyer la cour.
Le pauvre avait fini de tout dire; on le voit à la tête qu'il fait et la manière avec laquelle il tient la barre pour montrer qu'il n' est pas prêt à lâcher et laisser donc le navire «innocence» et refuse de voir le maudit filet «condamnation» l' emporter. La honte d'une éventuelle lourde condamnation qu'il refuse obstinément des lèvres, de la raison et du coeur, lui fait dresser les cheveux...
La mise en examen du dossier fut courte et le verdict fut si bien apprécié que le prévenu Omar D. poussa un vibrant cri de ravissement: «Vive la justice!».


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