Une vente aux enchères

Les enchères par Christie's sont réalisées en partenariat avec Pierre Bergé et Associés. Le produit de la vente est estimé entre 200 et 300 millions d'euros. L'homme d'affaires Pierre Bergé dit dans un préambule au catalogue se séparer « sans regret et sans nostalgie » des 733 'uvres d'art qui seront dispersées. L'argent récolté ira à la fondation Bergé-Saint Laurent, où est rassemblée l''uvre du couturier et à la recherche médicale, notamment sur le sida. Pour François de Ricqlès, vice-président de Christie's France, la collection est « extraordinaire à tous les points de vue », par la personnalité de ceux qui l'ont réunie, véritables « princes de la Renaissance », ou la rareté de nombreuses pièces est conjuguée à leur état impeccable de conservation.Pour réaliser la dispersion, il faut la nef du Grand Palais, un catalogue en cinq volumes ' 1800 pages, 10 kg, 200 euros ' la présence tournante de huit commissaires-priseurs ' six Christie's, deux Bergé ' 100 lignes de téléphone et 1200 chaises pour les collectionneurs présents. Pour la première vente de lundi, elles sont toutes réservées. La collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé réunit des pièces de grande qualité, voire exceptionnelles. La collection réunit aussi des pépites pour musées ou historiens de l'art, estiment des spécialistes interrogés par l'AFP. Selon Serge Lemoine, ancien président du musée d'Orsay, la collection est « homogène dans sa diversité. Il y a des tableaux, des sculptures, des objets d'art, de l'art déco mais elle est homogène, parce que dans chaque groupe il n'y a pas d'échantillonnage. On sent qu'il y a un esprit qui se manifeste, un goût », dit-il. Pour ce spécialiste d'art moderne, on ressent « le goût de la structure, de l'abstraction, de la simplification ». Le Louis Fernandez, Composition, est « un tout petit tableau d'un peintre proche des surréalistes, un peu inclassable. Mais s'ils avaient cette 'uvre-là, c'est parce qu'elle va avec les Léger et les Mondrian. On n'a pas cela par hasard ». Idem pour le Vuillard Marie rêveuse et sa mère : « Il y a une recherche de structure, un axe décentré, un jeu sur les horizontales et les verticales qui font penser à un Mondrian. Il n'a pas été choisi par hasard. » « En gros, tous les tableaux sont exceptionnels », mais « les Mondrian sont incontestablement pour des musées. En France, nous en avons peu », ajoute-t-il. Tout comme le Giacomo Balla, un peintre futuriste italien. « Un tableau comme celui-là devrait aller dans un musée, un Balla, c'est extrêmement rare », ajoute l'ancien patron d'Orsay qui avait exposé cette 'uvre dans Aux origines de l'abstraction en 2003-2004. L'une des pièces les plus singulières est le Duchamp Belle haleine, Eau de voilette. C'est un « faux ready-made, qui n'a pas été réédité. C'est une 'uvre unique », dit-il. La peinture ancienne est représentée par « le beau tableau, le beau dessin, mais il y a moins de concordance de goût que pour la peinture moderne ».  >