Le commissaire aux
comptes du MC Alger a refusé de certifier le bilan 2011 et a sommé le conseil
d'administration de procéder à la recapitalisation de la SSPA sous peine de
saisine de la justice. L'arrivée annoncée d'un investisseur franco-algérien,
Eddir Loungar, au MC Alger pourrait le sauver du dépôt de bilan. Mais le
feuilleton Loungar-MCA a caché une réalité amère.
La quasi-totalité
des clubs professionnels algériens de football sont insolvables après deux
bilans comptables.
Les 32 sociétés
sportives par actions (SSPA) créés lors de l'été 2010 pour lancer le
professionnalisme dans le football en Algérie sont pour leur grande majorité
juridiquement en sursis après la clôture de leurs comptes de 2011. Il a été
surtout question du sort du Mouloudia Club d'Alger ces dernières semaines, la
vérité est qu'en dehors de l'USMA des frères Haddad, de la JSMB et de la JSK,
les autres clubs sont tous dans le rouge. «La différence entre le MCA et les
autres ? Un commissaire aux comptes qui ne badine pas avec les textes ». Ce
point de vue d'un cadre financier qui a lu des bilans comptables de SSPA est
bien sûr sévère pour les autres commissaires aux comptes. Il n'est pas loin de
la réalité. Mais il existe un autre chiffre qui fait du MCA un mastodonte en
perdition, celui de son endettement : 360 millions de dinars en 2011.Près de
600 millions de dinars d'impayés sur deux exercices. Des montants contestés par
les actionnaires, qui ont éloigné depuis longtemps, les investisseurs locaux.
Mais pas impressionnés Eddir Loungar, attelé depuis trois semaines à faire la
part des bonnes et des mauvaises créances détenues sur l'entreprise qu'il veut
acquérir. Dans la ventilation des impayés, «le poste salaires aux joueurs,
versement à la CNAS, et versement IRG aux impôts est partout le plus lourd »
explique l'expert financier. 108 millions de dinars en 2011 dans le cas
emblématique du MCA. Uniquement en salaires dus. Signe qui ne trompe pas, seuls
trois clubs auraient du avoir le droit de recruter au dernier mercato hivernal,
n'ayant pas de dettes vis-à-vis de leurs personnels. La ligue professionnelle a
lâché du lest. Le CABBA Bordj Bou Arréridj leader de la ligue 2 assuré de
l'accession en ligue 1 a essuyé une grève des joueurs. Retard de salaires.
L'installation d'une direction nationale de contrôle de gestion (DNCG) au
niveau de la fédération algérienne de football (FAF) devrait contraindre les
gestionnaires des SSPA à plus de rigueur en 2012-2013. Mais combien seront-ils
sur la ligne de départ pour cette nouvelle saison ? «Le fond du problème est
cependant le même. Le football ne génère pas suffisamment de revenus pour
porter des projets d'entreprise dans l'immédiat » explique l'expert. La preuve,
le groupe ETRHB a été obligé d'augmenter le capital de l'USMA dès le second
exercice alors que tout le monde pensait qu'avec 700 millions de dinars
d'apport, le club des rouges et noirs d'Alger était à bien doter pour plusieurs
saisons.
LA LFP UNE
PREMIERE ANNEE A VIDE
La ligue de
football professionnelle née l'été 2011, n'a pas été d'un grand secours pour la
santé financière des clubs. Son président, Mahfoud Kerbadj, a égaré son bureau
en cours de route, avec notamment le départ d'Abdelkrim Medouar, le président
de l'ASO Chlef mécontent que les droits de télévision aient été négocié en solo
par le président de la LFP. Or, dans les pays voisins au Maghreb, le poste de
revenu le plus important pour les clubs de football est celui des droits TV. La
LFP n'a obtenu, faute de concurrence, que 210 millions de dinars pour la
saison. Bien moins que les impayés du seul MC Alger. La crise de revenus du
football n'est pas prête d'être dépassée de sitôt. Les revenus au guichet
demeurent faibles, la preuve le MC Oran a décidé de rendre gratuite l'entrée au
stade jusqu'à la fin de la saison pour obtenir du soutien populaire dans sa
lutte pour le maintien. La violence fait fuir sponsors et annonceurs. « Je ne
sais pas comment Eddir Loungar va faire pour rentabiliser sa mise au MC Alger
s'il décide vraiment de venir » s'interroge le spécialiste des finances des
clubs. L'investisseur franco-algérien a bien compris que la démarche devait
être collective entre les propriétaires de tous les clubs professionnels pour espérer
faire du football une affaire qui marche. Il a prévu de rencontrer le président
de l'USMA, Ali Haddad, lors de son prochain passage à Alger cette semaine. La
LFP aussi se réveille un peu. Elle a lancé la semaine dernière un appel
d'offres pour sélectionner une agence de communication spécialisée afin de
s'assurer des revenus publicitaires plus importants la saison prochaine. A
redistribuer en partie sur les clubs sinistrés. Une formule expérimentée avec
succès par la FAF de Mohamed Raouraoua depuis 2009. Lui vends le produit équipe
nationale aux sponsors. Plus facile. La FAF enregistre ce mardi l'arrivée du
sud Coréen LG dans sa longue liste de sponsors. «Les propriétaires des clubs
professionnels n'ont qu'à s'inspirer et déléguer la fonction marketing à des
agences spécialisées » affirme le directeur d'une de ses agences engagées dans
le marketing sportif.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 10/04/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Samy Injar
Source : www.lequotidien-oran.com