L''uvre a déjà reçu une critique élogieuse et un franc succès de librairie. Turambo, pugiliste, a connu une vie trépidante. Issu d'une famille pauvre, né dans un village inconnu, il connaîtra le luxe des grandes villes, le charme des femmes, le goût de l'argent, le bonheur que procure la gloire. Puis la chute. Le boxeur passe son enfance, à l'instar des chérubins de sa génération, dans l'indigence et les privations. Et pour échapper à la pauvreté, il décidera de faire de la boxe. Grâce à ses innombrables performances sur le ring, il arrivera à se faire accepter par la communauté européenne, jusque-là inaccessible aux autochtones. La persévérance et le sacrifice assurent au jeune prodige sympathie et aisance matérielle. L'argent et l'ascension sociale ne faisant pas souvent le bonheur, le pugiliste partira à la recherche de son âme s'ur, après s'être rendu compte que finalement, seul l'amour est capable de combler sa quête d'absolu. Turambo quête en son for intérieur un amour véritable et commence à nourrir secret espoir d'être aimé par sa cousine Nora. Il connaîtra aussi Aïda qui l'initiera aux plaisirs charnels, et Louise, fille d'un homme d'affaires. Turambo sera rattrapé par son destin. Après l'ascension, la décadence. La chute sera brutale. Il terminera sa course dans une chambre d'hôpital obscure. Son unique compagnon, la musique d'Aït Menguellet qui le sauve de l'enfer. Turambo, nonagénaire, pense qu'il n'a rien à attendre ici bas. A l'automne de sa vie, il se retrouve sans ami, ni femme, mais se console d'être seul et de ne rien laisser derrière lui, une fois la mort survenue. « A quatre-vingt-treize ans, que peut-on attendre de la vie ' Je n'attends rien, ni rédemption, ni rémission, ni nouvelles, ni retrouvailles. J'ai bu le calice jusqu'à la lie, subi l'offense jusqu'à l'agonie ; j'estime m'être pleinement acquitté de ce qui m'était échu. Mon souffle s'est épuisé, mes veines ne saignent plus, désormais la douleur ne me fera plus souffrir », se dit-il lucidement. Et de dire sa vérité : « J'ai tiré un trait sur mes joies, fait la paix avec mes peines ; je suis fin prêt. Lorsque le souvenir plombe le présent en se substituant au jour qui naît à notre fenêtre chaque matin, cela voudrait dire que l'Horloge s'est fixée sur un destin. On apprend alors à fermer les yeux sur les rares réflexes qui nous restent pour être seul avec soi-même, c'est-à-dire avec quelqu'un qui nous devient insaisissable au fur et à mesure que l'on s'habitue à ses silences, puis à ses distances jusqu'à ce que le Grand sommeil nous soustraie au désordre de toute chose ». Roman plein de sensibilité, d'émotion et d'humanisme, « Les anges meurent de nos blessures » est une évocation de notre pays sous la colonisation autant qu'une réflexion sur le parcours tragique et la place de l'individu dans la société. Ecriture simple et dense, style fluide et éclaté, le roman peut se lire d'une seule traite. Yasmina Khadra qui a habitué ses lecteurs à une 'uvre de qualité est un véritable ciseleur du verbe. Depuis ses premiers pas dans le monde littéraire, il ne laisse personne insensible. Il récidive avec ce roman de grande qualité esthétique et littéraire, où il explore de nouveaux univers. C'est dire que son talent littéraire ne cesse de s'affermir. Ce qui confirme ses dons d'excellent conteur. A lire absolument.Djamel O.
Yasmina Khadra « Les anges meurent de nos blessures », roman, Edition Casbah, 403 pages. Prix public : 900 dinars.
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Posté Le : 28/10/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Horizons
Source : www.horizons-dz.com