Algérie

Une «urgence de l'heure»: Plaidoyer pour un observatoire des risques majeurs


Les experts dans la prévention et la gestion des risques majeurs réclament avec insistance un observatoire national indépendant de l'ensemble des départements ministériels et répondant de la seule présidence de la République.C'est le cas du professeur Abdelkrim Chelghoum, directeur de recherche à l'Université de Bab Ezzouar, expert en génie parasismique et dans la prévention et gestion des risques majeurs.
Chelghoum est aussi président du Club algérien des risques majeurs dont la création a été faite en mars 2004. Club «qui a pour mission d'apporter des contributions scientifiques et présenter les différentes expertises relatives aux différents dangers, comme les catastrophes naturelles, une force de propositions pour les pouvoirs publics et les institutions étatiques pour les aider dans les stratégies de prévention et de prévision de ces risques».
Le club devait «également aider les différents acteurs politiques à bien maîtriser la gestion des risques majeurs dans le cadre de la prise de décision pour le lancement ou la planification des programmes nationaux et régionaux», avait-il affirmé. Cet expert et bien d'autres n'ont pas cessé de réclamer la mise en place d'un observatoire national de prévention et de gestion des risques majeurs, en premier, les incendies de forêt. Chelghoum insiste sur la question, notamment depuis juillet 2021, année où plusieurs wilayas du pays ont été la proie à des incendies ravageurs d'un important patrimoine forestier et provoquant des décès.
Pour lui, c'est «l'urgence de l'heure» après avoir fait le constat dans la presse «de l'absence d'une stratégie de prévention de ces risques identifiés clairement comme majeurs dans la loi 04-20 du 25 décembre 2004». Il a alors fait état l'année dernière « de l'absence flagrante d'infrastructures et équipements en milieu forestier tels que les voies d'accès, points d'eau, pistes forestières sécurisées, tranchées pare-feu, forages, bassins de stockage d'eau..., et l'absence de classification des zones forestières à risque, absence d'identification des agglomérations riveraines exposées, de moyens aériens de lutte contre les feux (Canadairs, hélicoptères équipés), aucune gestion des interfaces entre la forêt et les zones rurales urbanisées, et enfin absence d'une sylviculture anti-incendie (...) ».
«Etat d'alerte maximale»
Il a dressé le même constat ces dernières 72 heures et fait la même demande. L'expert relève clairement «un cafouillage en matière de prérogatives, de missions et de moyens dans la prévention et la gestion des incendies de forêt ». Les intervenants dans plusieurs médias sur l'ensemble de ces questions déplorent, eux aussi, l'absence de veille pour prévenir toute catastrophe «alors que la loi en détaille clairement l'ensemble des étapes (...)». L'on rappelle que le 17 juillet dernier, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a décrété « l'état d'alerte maximale compte tenu des conditions climatiques marquées par la hausse des températures, favorisant, ainsi, les départs de feux et la mobilisation de tous ses fonctionnaires relevant des corps de la direction des forêts, et ce, dans le cadre de l'activation permanente et continue du plan national de prévention et de lutte contre les incendies de forêt», a-t-il fait savoir par voie de communiqué.
Il a appelé «tous les responsables et les intervenants, à travers le territoire national et à tous les niveaux, à la mobilisation afin d'éviter et de faire face à toute urgence, et ce, tout au long de la semaine et 24h/24 ».
En mai dernier, le Centre international des conférences (CIC), Abdelatif Rahal, a abrité un séminaire algéro-canadien sur « la lutte contre les feux de forêt par les moyens aériens » où la directrice de la protection de la flore et de la faune au niveau de la direction générale des forêts, Ilhem Kabouia, a fait part, comme rapporté dans l'édition du 17 mai, de «6 Canadairs en fonction pour cette année, nous nous sommes pris à temps, l'urgence est en effet, pour nous d'affréter des moyens de lutte par voie aérienne».
Un scénario qui ne «devait» plus se produire...
La responsable a souligné, entre autres, que « 90% des causes proviennent des actions anthropiques très fréquentes, volontaires ou non, (travaux agricoles, décharges sauvages, tourisme en forêt, défrichements), toutes les actions de prévention doivent être entreprises entre le 1er juin et le 31 octobre de cette année ». Sous le slogan «Ma tkhalouhach tenhrag», la campagne de prévention et de lutte contre les feux de forêt de cette année a, pour rappel, débuté par l'installation en mai dernier de «la commission nationale à cette effet par le ministre de l'Agriculture», selon Kabouia et «les commissions de 40 wilayas (à incendies) l'ont été en avril dernier ainsi qu'entre autres, 468 comités au niveau daïras en plus des comités communaux».
Pour cette année, Kabouia a indiqué que « nous avons élaboré une nouvelle stratégie de prévention et de lutte impliquant société civile et populations locales». Elle a déclaré en substance à propos des incendies de 2021 que «c'est un scénario qui ne devrait plus se produire». Des experts canadiens ont expliqué comment «anticiper, adapter, agir» en matière de moyens humains et matériels dans un contexte de lutte en notant que « entre la détection et le déploiement des moyens aériens pour maîtriser un feu, le temps de réaction doit être inférieur à 15 minutes ». Interrogée par des médias sur les feux de ces derniers jours, Kabouia a mis en avant «les vents forts (+ 90 km/h) qui ont provoqué des mégas incendies qui se propagent à une grande vitesse». Dépêché à El Tarf, jeudi dernier, pour présenter les condoléances aux familles des victimes, le 1er ministre a annoncé l'achat par l'Algérie de 4 Canadairs, «un va être réceptionné en décembre prochain et les autres plus tard». Le dernier bilan établi par la protection civile fait part de 41 décès, 118 foyers d'incendies dans 24 wilayas enregistrés notamment à l'est du pays. Vendredi matin, la même institution affirmait que les incendies déclarés «étaient totalement maîtrisés». Mais hier, des agents de la protection civile combattaient plusieurs foyers de feu dans plusieurs wilayas de l'Est.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)