Une union sur la base géographique '

Pourquoi les pays européens ont-ils invoqué un espace géographique sur lequel ils fondent leur union alors que les pays arabes invoquent la langue et la religion pour fonder leur union 'L'Irak a abordé son invasion par les forces coalisées avec ses divisions ethniques, et même avec une certaine bienveillance de la part des Kurdes et des chiites qui attendaient depuis longtemps une telle opportunité, c'est-à-dire un évènement qui amènera la chute de Saddam. La poursuite de la violence en Irak, de l'amorce de son implantation en Syrie, couplées à l'échec de la démarche politique que traduit la contestation des élections législatives de toute élection même, place encore plusieurs pays arabes dans une situation de double impasse, à la fois militaire et politique. Personne ne peut croire qu'il peut y avoir une montée en puissance de l'irakisation de la sécurité, car dans ce pays les fractures sont loin de se souder. Elles mettront beaucoup de temps pour se souder et peut-être même que cet objectif ne sera jamais réalisé et que l'Irak ira soit vers la partition, soit vers une fédéralisation. Qui ira croire facilement qu'il finira par y avoir l'irakisation de la sécurité ' Des indices sérieux qui risquent de contraindre les Américains à ressentir le besoin le besoin de changer de stratégie avant d'être forcés de le faire au pire moment sont à relever dans leurs relations avec à la fois la nature de la violence enregistrée et les enjeux liés aux élections. Il y a au moins cinq composantes diverses de la violence. Il y a celle qui se traduit sous la forme d'une résistance à l'occupation étrangère. Il y a celle qui est intégrée dans une stratégie de positionnement pour le futur, car il est escompté que la capacité de nuisance mise en évidence fera de son propriétaire un acteur incontournable. Il y a celle qui est liée à la nouvelle donnée d'un conflit inter-ethnique. Il y a également celle que les Américains ainsi que le gouvernement en place en Irak ont qualifiée de rebellions, c'est à dire une violence illégitime contre un gouvernement légitime car élu. Il y a également celle qui est attribuée à Al-Qaïda. Il y a enfin celle qui est une synthèse de celles citées précédemment. La lutte menée sur le plan strictement militaire ne peut donc pas aboutir à éteindre ce qu'on appelle la violence, car celle-ci est fondée sur des motivations politiques distinctes. Ces motivations peuvent-elles réellement être prises en charge dans le cadre des élections' La contestation des élections législatives atteste que même les élections ne constituent pas la solution dans la mesure où s'expriment des divergences ethniques qui sont incompatibles avec une logique démocratique qui exige que les électeurs ainsi que les élus réfléchissent «irakien» et non en termes d'appartenance communautaire. Quand bien même alors que les forces américaines évacuent totalement le territoire irakien, d'autres formes de violence demeureront en place. Le système majoritaire dans les circonstances d'enjeux ethniques donnera une majorité à une ethnie qui disposera de pouvoirs sur les autres ethnies, ce qui sera inacceptable pour ces dernières.