Algérie

Une trilogie sur l'univers intérieur de la jeunesse algérienne



Dans ce roman paru dernièrement en France, aux éditions l'Harmattan, l'auteur décrit avec force et humanité, à travers un récit qui mélange réalisme et fiction, la condition des migrants.Le journaliste-chroniqueur Kamal Guerroua vient de publier, chez l'Harmattan, en novembre 2019, un roman sous le titre Le Chant des sirènes où il "décrit avec force et humanité, à travers un récit qui mélange réalisme et fiction, la conditions des migrants". C'est un sujet qui semble lui tenir particulièrement à c?ur, puisqu'il l'a déjà évoqué dans Le Journal d'un Hittiste, paru aux éditions Ressouvenances (France) en 2017. En fait, l'auteur ne fait que coller à la réalité d'une jeunesse désabusée, parfois désespérée, qui n'en finit pas de broyer du noir et de rêver à des "eldorado offshore", édens d'espoir d'une vie meilleure. Cette existence sublimée serait-elle d'essence matérielle '
Qu'est-ce qui est moins confortable pour un jeune : travailler dans un chantier à Alger et vivre dans un rythme de boulot-dodo ou bien errer à Paris, vendre des Marlboro à La Chapelle et dormir dans des taudis avec des camarades d'infortune ' Pourtant, même avec des perspectives incertaines, ces jeunes sont pour la plupart prêts à tenter l'aventure, à la recherche de quelque chimère qui se transforme parfois en bonheur réel et souvent en désillusion.
Dans Le Chant des sirènes, Kamal Guerroua décrit l'existence de Mokhtar, un jeune qui broie du noir à Boukadir. L'histoire se déroule durant la décennie noire, circonstance aggravante pour pousser un jeune à partir à la recherche de cieux plus cléments, loin de l'odeur de poudre et de mort. La harga constitue la "route de l'espoir" pour les jeunes angoissés, dégoûtés de la mal-vie. Pourtant, suggère l'auteur, l'eldorado rêvé n'est pas au bout du voyage périlleux.
Mille et une difficultés attendent les migrants clandestins dans un monde où l'on ne vaut rien sans argent. Commence alors une autre aventure pour la survie, la recherche d'abris, de quelques ressources, le tout dans un perpétuel cache-cache avec la police pour éviter de se faire prendre et expulser vers le point de départ. Certains, comme Mokhtar, parviennent à sortir du tunnel par un concours de circonstances.
Son salut à lui viendra de Patricia, une jeune Catalane par laquelle il apprendra que "la fraternité et l'amour n'ont pas de frontières". Ce roman suggérerait-il un pessimisme de l'auteur ' Kamal Guerroua a répondu par anticipation à la question dans son livre Hymne à l'espérance, publié par les éditions l'Harmattan en 2017, et qui constitue le premier ouvrage d'une trilogie sur le monde intérieur des jeunes Algériens.
Dans Hymne à l'espérance, qui est "une méditation sur l'humain", il trace une perspective au rêve d'une "Algérie nouvelle et prospère". Qui ne rêve pas d'un pays où régneraient la liberté, la justice et le progrès ' Ce sont ces valeurs qui font la différence entre les nations avancées et les pays arriérés. Le monde occidental, à classer dans la première catégorie, attire la jeunesse des autres, aspirant leur sève vivifiante.
Il recyclera les plus chanceux et entreprenants dans ses perspectives démographiques et économiques et réservera le déclassement social et le rejet comme seul avenir pour ceux qui ne s'accrochent pas. Point de paradis garanti au bout de l'aventure. Si l'espoir d'une vie meilleure est le mobile de la harga, la réussite n'est pas forcément au bout du chemin. Il faut s'attendre à la galère et l'accepter. Après, à chacun sa fortune. Le mieux est que chacun puisse trouver la bonne chez soi.

ALI BEDRICI
Le Chant des sirènes, de Kamal Guerroua,
éditions l'Harmattan, 174 pages, novembre 2019.


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