Une tribu en voie d'expulsion

Pour  Mazouzi, éleveur pastoral, «les conflits tribaux qui surviennent fréquemment dans la région ont pour but inavoué le contrôle des terres de parcours», relève-t-il. En multipliant indéfiniment les mises en défens et en recourant abusivement au «t’gdal», «la tribu des Chaouia cherche à déloger les Ouled Moumen de Aïn Deheb pour y installer les siens». Le  «t’gdal»  (bornage privatif des terres) est largement répandu à Aïn Deheb, dit-il. Idem pour les pacages illicites. Ce procédé procure à certains éleveurs la pleine jouissance des terres archs dont ils ont pris possession et qu’ils labourent à leur guise. «Par ce procédé, le maire tient, en outre, à consolider davantage son autorité sur toute la composante de son arch, en vue des  élections locales (prévues en 2012, ndlr)»,  considère Mazouzi, très anxieux. «Il a détruit plusieurs points d’eau appartenant aux éleveurs de la tribu des Ouled Moumen, défoncé des dizaines de kilomètres de pistes pour nous contraindre à quitter les lieux», dénonce-t-il, exhibant des enregistrements vidéo et des requêtes d’éleveurs adressées au président de la République et au Premier ministre.  
«Le maire nous impose un véritable blocus en multipliant les périmètres de mise en défens», se révolte Abdelghani, éleveur à Noufikha.
La répartition des parcours dans cette région est, soutiennent-ils, soumise à la «loi du plus fort». Les «plus forts» ont, ajoutent-ils, également imposé des pratiques «illégales» de cession des terres par le biais d’une simple déclaration de vente rédigée par des écrivains publics. «Seule une commission d’enquête indépendante sera en mesure de déterminer l’ampleur  des dégâts occasionnées à la steppe», interpellent Abdelghani et Mazouzi.