Algérie

Une trentaine de nouveau-nés abandonnés depuis le début de l'année


Un nouveau-né de sexe masculin a été découvert abandonné, la semaine dernière, à Es-Senia. Le nourrisson a été évacué vers l'hôpital pour des examens médicaux avant d'être placé dans la pouponnière. Une semaine auparavant, le corps sans vie d'un nouveau-né a été découvert à Chteïbo. Ce dernier a été abandonné vivant avant d'être tué et déchiqueté par des animaux errants. Il ne se passe pas un jour sans qu'on n'entende parler de ce genre de découvertes, macabres le plus souvent, malheureusement. En effet, des nouveau-nés sans vie sont souvent découverts par les services de la gendarmerie nationale ou de la police abandonnés dans la rue ou dans des décharges sauvages, dans de mauvaises conditions, constituant une éventuelle proie pour les animaux errants. Certains ont été découverts en état de décomposition très avancé, mutilés, morts par strangulation ou par hypothermie. Depuis le début de l'année, une trentaine de nourrissons ont été découverts abandonnés dont une dizaine ont été trouvés morts.

Par manque d'informations, les mères célibataires, de crainte d'être reconnues et identifiées, au lieu de s'adresser au centre d'accueil des enfants ou aux pouponnières, préfèrent abandonner leurs progénitures dans la rue. Cependant, les services concernés (pouponnière ou centre d'accueil) se portent garant de la discrétion pour tout ce qui touche à l'identification de la mère biologique. Les mères qui abandonnent leurs enfants ont trois mois pour revenir sur leur décision si elles émettent le vÅ“u de les récupérer dès le premier mois de l'abandon. Une fois le délai expiré, l'enfant sera systématiquement placé en milieu familial.

Chaque année, une moyenne de 150 à 200 enfants abandonnés sont accueillis par la pouponnière d'Oran. La majorité de ces enfants sont pris en charge par des familles d'accueil dans le cadre de la kafala qui a permis à des milliers d'enfants algériens privés d'affection familiale d'intégrer une famille. A Oran, l'année dernière, 123 enfants abandonnés ont été pris en charge par des familles d'accueil dans le cadre de la kafala (l'adoption). Selon la responsable du dossier de l'adoption auprès de la direction de l'action sociale, «la demande de kafala exprimée par les couples est plus importante que le nombre d'enfants abandonnés». Sur plus de 400 demandes exprimées en moyenne annuellement, quelque 150 cas aboutissent. Ce chiffre ne concerne que les plus «privilégiés» d'entre les nouveau-nés abandonnés, à savoir ceux laissés dans les maternités ou encore ceux déposés volontairement par leurs mamans célibataires au siège même de la pouponnière. La famille kafila a toujours le libre choix du sexe et de l'âge de l'enfant. Le travail ne s'arrête pas là, car une enquête sociale, économique et psychologique doit se faire d'abord sur les lieux, pour s'assurer que l'enfant grandira dans des conditions favorables et que le couple est vraiment prêt à ouvrir ses bras à cet enfant, pour lui offrir le lien de parenté, dont il a été privé par ses parents biologiques, pour le reconstruire et le vivre pleinement avec ses parents adoptifs. Une fois l'enquête bouclée, les dossiers présentés doivent passer par une commission présidée par le directeur de la DAS et qui décidera au cas par cas du placement de chaque bébé.

Selon des sociologues, ce phénomène a pris de l'ampleur ces dernières années pour diverses raisons: la pauvreté qui a poussé des jeunes filles à la prostitution, l'ouverture médiatique, la moyenne d'âge du mariage qui dépasse les 28 ans pour les filles et 33 ans pour les garçons, ce qui les pousse à chercher des relations hors mariage, car ils n'ont aucune perspective de pouvoir fonder un jour un foyer à cause, notamment, de la crise du logement et du problème du chômage.


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