Algérie

Une transition pour passer le relais



Une transition pour passer le relais
L'idée d'une transition fait son chemin. Elle est de plus en plus partagée par les acteurs politiques parmi les partis et personnalité. Son contenu peut comporter des nuances, mais le principe semble consensuel. Le Président-candidat, Abdelaziz Bouteflika, dans sa lettre adressée aux Algériens, samedi dernier à l'occasion du scrutin du 17 avril, l'a évoquée en expliquant les raisons qui la sous-tendent. Elle doit viser à réunir les conditions politiques et institutionnelles, en association avec l'ensemble des différents segments de la société, qui permettent de passer le témoin à la jeunesse. Cela passe par la révision de la Constitution qui doit avoir lieu au cours de cette année, projette le président sortant, si, toutefois, il est réélu pour un quatrième mandat. « Cette démarche répondra aux aspirations de la jeunesse à prendre le relais, dans un environnement marqué par la stabilité, la justice sociale, l'équité et le respect dû à chaque citoyenne et citoyen de notre Algérie », a-t-il notamment écrit. Manifestement, la transition projetée se matérialisera sous la forme du renforcement des prérogatives des Assemblées élues. Abdelmalek Sellal et Abdelaziz Belkhadem en ont parlé, hier, chacun à sa façon, dans des entretiens distincts. « Nous sommes d'accord sur le lancement d'une transition définitive » qu'il faudra préparer en l'articulant sur des bases à élaborer collectivement lors d'un dialogue national qui précédera cette révision. La transition devra intégrer, dans une dynamique active, l'ensemble des forces politiques pour consacrer, in fine, l'approche de la démocratie participative. « C'est extrêmement facile de glisser quand on va vers l'inconnu. C'est ce qu'il faut éviter. Nous sommes d'accord sur le lancement d'une transition définitive. Il faut la préparer et lui mettre des bases. On ne passe pas comme ça du noir au blanc », a notamment déclaré l'ex-Premier ministre. Transcender les clivages politiques et œuvrer à une plus grande convergence autour d'objectifs dédiés à l'intérêt général, tel est le fil conducteur de la démarche qui promet de revaloriser le rôle de l'opposition. « Un dialogue intense sera organisé pour doter l'opposition d'un statut la mettant à l'abri de toute tentative de marginalisation dans la vie politique et parlementaire dont l'accès à l'information et aux médias ou à toute autre sphère dans la vie de la nation », préconise Sellal. Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat et conseiller particulier du président Bouteflika, a, de son côté, affirmé, hier, sur les ondes de la Radio nationale, que le mandat présidentiel 2014-2019 sera celui de la transition. « De mon point de vue, le prochain mandat sera celui de la transition pour passer d'une étape à une autre, d'une génération à une autre », a-t-il notamment affirmé, mettant en relief l'objectif stratégique de passer le flambeau. Considérant que la révision de la constitution est « un passage obligé », l'exercice doit « conforter la séparation et l'équilibrage des pouvoirs, en donnant plus de prérogatives à l'Assemblée populaire nationale qui doit être le reflet d'un gouvernement issu de la majorité parlementaire ». Cette idée de la transition a été mise en avant aussi par l'ancien président de la République, Liamine Zeroual, dans sa lettre adressée aux Algériens, en cette conjoncture politique sensible, la liant à l'impératif de réaliser une mutation en douce du système politique. Pour éviter le choc brutal des changements abrupts. A partir de Mascara, Ali Benflis a également préconisé une révision consensuelle de la Constitution qui soit le résultat de larges consultations avec l'ensemble des courants politiques. Doter le Parlement de larges prérogatives en matière de travail de l'Exécutif. « Nous voulons un parlement qui sera habilité à limoger le gouvernement, à l'interpeller lorsqu'il le faudra et à assumer la faillite du gouvernement », a précisé M. Benflis. Globalement, ce sera, a-t-il détaillé, « un parlement qui sanctionne et demande des comptes (au gouvernement), un pouvoir exécutif qui n'intervient pas dans le domaine législatif, un pouvoir judiciaire indépendant et un gouvernement d'unité nationale pour trois années ». Trois années, c'est le mandat de la transition, qui sera cogérée avec l'ensemble des acteurs politiques, y compris les adversaires politiques que « les fondamentaux économiques » peuvent réunir dans la même tranchée. Coïncidence ou hasard du calendrier, la Coordination des partisans du boycott dans laquelle siègent notamment le RCD, le MSP, le mouvement Ennahda, le FJD et Ahmed Benbitour, a mis en place une commission politique chargée de se pencher sur « la définition du concept de transition démocratique, ses étapes et les mécanismes de mise en œuvre ». L'idée de la transition admise presque par tous, il reste à en définir le contenu, les articulations et les leviers de sa concrétisation. Telle sera, sans doute, la quintessence du débat politique de l'après-17 avril.




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