Algérie

UNE TRANCHE D'HISTOIRE ET DES NAUFRAGES



C'est tout de même une drôle d'histoire que cette affaire de la fausse fille de Abdelaziz Bouteflika dont le procès a été reporté hier. Drôle mais significative à tous les égards de la manière et des procédés avec lesquels l'Algérie s'est embourbée. Avec l'infinie pléiade des hauts responsables fourvoyés dans les démêlés avec la justice, elle renvoie immanquablement à la torrentueuse gouvernance d'un seul homme qui, croyant investi de l'autorité divine, a permis à son pouvoir de se diluer dans les plus basses conciergeries. Des Mayas guêpes ne résidaient pas seulement dans l'antre de Club des pins. Elles foisonnaient dans les espaces officiels et à l'ombre des salons politiques pour s'instaurer en ligne de conduite. On ne pouvait s'attendre à une autre culture de gouvernance du moment où le pays était considéré comme un trésor de guerre et que le peuple ne devait d'abord et avant tout servir que de docile artifice.Victimes et coupables en même temps, les hauts responsables incriminés aujourd'hui par les tribunaux ont eu la faiblesse de se plier au mode d'emploi d'un proxénétisme particulier qui a fait d'eux ce que Sid Ahmed Ghozali a dénommé harkis du système. Dans ce cas de figure, on pense toujours que le roi a toute l'éternité devant lui et que la mission des flibustiers est éternelle.
Pour peu qu'il soit encore de ce monde, le président déchu fait renaître un débat autour de sa responsabilité manifeste et assumée tout au long de son règne. Son jugement serait futile car il n'est pas à mettre au niveau d'un tribunal, mais à situer à la hauteur de la grande Histoire. Dans ses faux pas, c'est elle qui a enfanté l'homme. Sans doute avait-elle voulu pousser un peuple à jauger ses capacités et ses faiblesses pour qu'il s'empreigne de la vraie signification de l'indépendance.
Juger Bouteflika serait juger plus d'un demi-siècle de pouvoirs et de gouvernances où l'infantilisme et l'incongru ont ouvert les portes à la rapine et à la vanité. L'indéfinissable fille du président déchu, ses compères et le reste ne seraient en définitive que des naufragés d'une tranche d'histoire qui, il faut l'espérer, ne se renouvèlera pas.


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