Algérie

Une tradition toujours vivace



Une tradition toujours vivace
Y a-t-il d'autres lieux où des femmes versées dans la vente et le commerce font les marchés hebdomadaires pour proposer des fringues, des bijoux et des objets hétéroclites' A Aïn Beida, il existe une tradition qui reste toujours vivace. Des femmes, presque toutes septuagénaires occupent les marchés hebdomadaires de la ville de façon régulière.Ainsi les lundis et les vendredis, ces vieilles femmes prennent place tout le long de la rue perpendiculaire au stade municipale, et, adossées contre le mur, elles étalent devant elles toutes sortes de vêtements pour femmes, généralement des robes destinées aux fêtes, des souliers ou d'autres objets désuets et qu'elles proposent aux chalands. Elles sont plus d'une vingtaine à se côtoyer dans ce marché devenu leur chasse gardée et dont elles ne cèdent pas un pouce à qui que ce soit.Tout en devisant entre elles et en attendant d'éventuels clients ou clientes, ces femmes marchandes ou soukières si vous préférez, assises en tailleur et drapées dans de vieux haïks blancs ou des hidjabs décolorés, surveillent le moindre mouvement des gens qui passent. Certaines ont des objets de valeur qu'elles peuvent montrer au besoin, comme des bijoux en or et en argent. Il faut le dire, ce qu'elles vendent appartient à des tierces personnes et elles ne font ce commerce que pour percevoir une commission dérisoire une fois la transaction accomplie.Certaines familles aisées ont recours à ces femmes dellalates pour se débarrasser de vieux habits ou même de bijoux dont elles n'ont plus besoin. Une des vieilles soukières que nous avons approchée nous avoue qu'elle fait ce commerce par plaisir, ne gagnant aucunement au change. «A cet âge, ajoute-elle, on a bien besoin de rencontrer des femmes de notre génération pour échanger des propos sur les choses de la vie.» Sollicitées pour une prise de photos, elles ont carrément refusé, étant conservatrices et peu enclines à se faire connaître par l'entremise d'un média.En tout état de cause, quelqu'un au fait de ce phénomène qui a pris racine dans la ville des Haractas, un vieil habitant de la cité, nous apprend que cette tradition de la «d'lala» remonte aux années quarante du siècle dernier quand des marchandes venues d'Espagne faisaient les quartiers de la ville, chargées de paniers remplis de coupons de tissus, de robes d'intérieur et de bijoux en or et en argent et qu'elles proposaient à la vente en criant : «gandoura, gandoura!» Les habituelles clientes les recevaient chez elles pour voir, palper et choisir parmi les coupons de tissus celui qui leur plait. «Sans doute que nos vieilles bonnes femmes se sont inspirées de cette façon de procéder pour devenir à leur tour des commerçantes, mais d'un genre nouveau.»Des commerçantes qui font des transactions, non pour s'enrichir mais pour se tenir compagnie et s'informer les unes les autres sur les nouvelles de la ville. Au demeurant tant que cette tradition reste vivace, les personnes du troisième âge y trouveront (la gent féminine) à fréquenter le marché et favoriser les rencontres entre personnes de même génération.




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