Algérie

Une tradition ressuscitée dans les villages d'Aïn Zaouïa


Nombreux sont ceux qui n'ont pas les moyens de procéder au rituel du sacrifice, voire de se procurer de la viande chez le boucher, dont le prix ne cesse d'augmenter. C'est pourquoi Izemouchène a organisé cette "Timechret" qui consolide en même temps l'esprit de solidarité villageoise.Timechret est une tradition ancestrale bien ancrée dans les villages du douar Boumahni, dans la commune d'Aïn Zaouïa, relevant de la daïra de Draâ El-Mizan (Tizi Ouzou). À la veille de la fête de l'Aïd El-Adha, ce rituel a été observé dans les villages d'Ifarhathène et d'Izemouchène, pour ne citer que ceux-là. À cette occasion, plusieurs bêtes ont été sacrifiées non seulement pour marquer ce rituel religieux, mais aussi pour venir au secours des familles nécessiteuses qui ne peuvent se permettre le mouton de l'Aïd. L'exemple nous vient d'Izemouchène, le plus important village du douar. Ainsi, grâce à la mobilisation de la population, cinq b'ufs bien engraissés ont été sacrifiés à la veille de l'Aïd, dans une ambiance festive, avec le respect du protocole sanitaire et des gestes barrières, d'autant plus que le virus circule rapidement dans de nombreuses localités du sud de la wilaya. "Dans notre village, nous n'avons suspendu Timechret que deux fois. Tout d'abord, lorsque la fièvre aphteuse avait décimé le bétail et puis l'année dernière avec l'apparition du coronavirus dans notre pays", explique Mohamed Mammeri, en sa qualité de président du comité de village.
"Ce sacrifice a de nombreux objectifs. C'est un moment de convivialité et de rencontre entre les villageois, notamment ceux qui habitent ailleurs. Ils viennent d'Alger, de Boumerdès, de Bouira, de Boghni et d'autres régions. Ces habitants ne ratent jamais ce rendez-vous", souligne-t-il, précisant que c'est dommage que les émigrés, pourtant très nombreux à venir en aide au village, n'ont pu venir à cause de ce satané virus qui cause de nombreux dégâts (contaminations, décès...). Le président du comité revient sur la préparation de ce sacrifice : "Après une assemblée générale de tous les villageois, nous avons tracé un calendrier sur trois vendredis pour mener à bien les préparatifs, à savoir la collecte d'argent, les modalités à mettre en œuvre pour respecter les gestes barrières et le recensement des participants en donnant la chance aux retardataires de s'acquitter de leur cotisation."
La part a été fixée à 2 000 DA. "C'est une participation symbolique parce que la part dépasse largement les cinq kilos de viande. Les plus aisés couvrent les nécessiteux dans la discrétion la plus totale. Certains paient jusqu'à trois parts, mais ils n'en prennent qu'une. C'est une manière de se solidariser avec les familles démunies", signale-t-il. Au total, dit-il, environ 550 parts ont été formées avant d'être réparties sur les foyers que compte le village. Aux environs de 14h, tous les quartiers de viande étaient découpés et répartis, et les parts étaient mises dans des sachets et distribuées selon la liste établie par les membres du bureau du comité dans une ambiance bon enfant. "Je suis très content de prendre part à cette fête. Je suis venu spécialement d'Alger.
Si je suis là, ce n'est pas pour cette viande, mais c'est surtout pour revoir les proches et mes amis", répond un Algérois, avouant que c'est pour la première fois qu'il assiste à ce sacrifice collectif. "Dans notre village, c'est la communion entre tous qui compte beaucoup. Pour la viande, c'est beaucoup plus pour les orphelins, les nécessiteux, les démunis. Car de nombreux citoyens égorgent leur mouton le jour de l'Aïd. Mais, pour la veille de la fête, nous mangeons tous le même repas garni de cette viande collective", conclut M. Mammeri, entouré des membres du comité.
O. Ghilès
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