Regard sur la société algérienne Ali Malek revient, une fois encore, aux éditions Barzakh, avec une nouvelle production littéraire : Le chien de Titanic, un roman léger, alerte, qui se lit d’un seul trait.
Comme dans chacun de ses écrits, Ali Malek situe la trame de son récit dans un village de Kabylie – dont il est originaire. Dans ce nouveau roman, l’auteur raconte un village, Titanic, où les habitants mènent une vie d’ennui et d’inertie.
Jusqu’au jour où tout bascule : le chien du capitaine de gendarmerie est tué. Celui-ci n’aura de cesse de trouver le coupable.
Ainsi, la traque commence et, du coup, des personnages, qui constituent le récit, se profilent un par un.
L’intérêt du récit ne se situe pas dans l’histoire racontée, mais dans ses différents personnages à travers lesquels est dit le village. L’auteur y dépeint une galerie de personnages qui, tous, et sans exception, sont d’une banalité sociale insolite. Ils sont médiocres mais en même temps, et paradoxalement, attachants, à tel point que le lecteur s’y intéresse et se soucie du devenir de chacun.
Ali Malek y présente aussi bien des femmes que des hommes. Il y a celui qui rêve d’un visa, celui qui vit reclus dans la montagne ou celle qui vend son corps, et bien d’autres personnages qui, chacun tente, tant bien que mal, de se frayer un chemin dans une vie de plus en plus rigide et pénible : Des protagonistes – à la fois prosaïques et singuliers – qui n’ont ni un rôle à jouer ni un devenir à accomplir. Ils sont là, juste parce qu’ils doivent y être, il en est ainsi pour dire une réalité, raconter un quotidien pesant.
Ainsi, l’auteur tient à narrer dans un style sémillant où vient se mêler, avec grande subtilité, l’humour à la dérision la situation sociale, notamment en Kabylie, et pour être plus précis celle d’un village.
En outre, dire des personnages, c’est dire des comportements ; et cette pluralité de caractères, donc de personnalités, et cette richesse d’attitudes sociales confèrent au récit sa teneur littéraire. Le récit est certes léger – sur le plan de la lecture puisque la composition des phrases ne semble pas être complexe ou déroutante – mais il reste néanmoins substantiel, soutenu et profondément significatif – sur le plan de la construction de l’énoncé, du contenu phrastique, c’est-à-dire de la sémantique.
Il suffit de parler d’un village – oublié et oublieux de lui-même – pour que toute l’Algérie — et sa réalité sociale et sa population — apparaît meurtrie, abandonnée, une Algérie amoureuse ou droguée, solitaire ou vénale, amorphe, éteinte ou rebelle.
Yacine Idjer
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Posté Le : 28/11/2006
Posté par : nassima-v
Source : www.infosoir.com