Une tentative de dévoiement ayant tourné à la mascarade

Si le président Bouteflika a eu connaissance de la composante des partis, organisations et personnalités qui ont adhéré au «Front national de soutien» à son programme, dont le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, a été l'initiateur, il a dû probablement conclure que l'opération a tourné à la farce dont le grand guignolesque l'éclabousse du fait, qu'à tort ou à raison, il lui a été imputé d'avoir été l'inspirateur de la foireuse idée. Rendue publique samedi et en grande pompe, la composante du prétendu « Front national » de soutien au président et à son programme s'avère n'être qu'un poussif rassemblement de politicards professionnels de l'opportunisme à la notoriété et l'audience pratiquement nulle. Le « flop » de l'initiative de Saadani ne se mesure pas uniquement par le fait qu'il n'a pas attiré de plus reluisants acteurs de la scène politique mais également et surtout qu'il a semé la discorde au sein même de la mouvance présidentielle dont deux des formations représentatives, le RND et le MPA, ont refusé d'en être. Dès l'annonce par Saadani de son initiative, il est apparu qu'elle était farfelue puisque, sous prétexte de forger un consensus national que dicterait la gravité des menaces internes et externes qui planent sur l'Algérie, son démarcheur ambitionnait de rallier au soutien présidentiel des formations qui, à raison ou non, considèrent que si consensus il doit y avoir, c'est contre Bouteflika et son entourage dont ils revendiquent le départ. De cette évidence, Saadani a tôt fait de s'y résoudre malgré le vernis triomphaliste de ses déclarations sur les retours « d'échos favorables » qu'aurait provoqué son initiative au sein de la classe politique et de la société civile.La vingtaine de chefaillons et les quelques pseudo-personnalités qu'il a réunis autour de lui, vendredi, ont accentué le côté ubuesque de la tentative de dévoiement de la classe politique. D'autant que même parmi ceux qui se sont prêtés à la mascarade à laquelle il a officié la gêne et le manque d'enthousiasme s'affichaient sans déguisement.La tentative opérée par Saadani à qui elle a été inspirée est révélatrice du « degré zéro » auquel a été réduite la sagacité politique du sérail officiel. Il en était attendu qu'elle casse la synergie unioniste anti-régime qui a pris corps dans la bataille contre le quatrième mandat pour Bouteflika et s'étant inscrite depuis dans la durée. Il en a résulté au contraire la mise à nue de l'isolement grandissant du régime et de ses tenants qui, pour le masquer, n'hésitent pas à recourir à la grossière et usée ficelle de l'union sacrée qu'imposerait la situation du pays. Et, résultat encore plus grave pour le régime, elle n'a fait que souligner sa faiblesse du moment que tout en claironnant qu'avant l'appui populaire et la légitimité électorale, il n'est en rien demandeur auprès de ses détracteurs. Il a, dans le même temps, tenté une fausse ouverture en leur direction qui a tourné à sa confusion.