Algérie

Une tache noire pour l'Exécutif



Une tache noire pour l'Exécutif
L'informel, un cancer pour l'économie nationaleL'opinion nationale a eu droit à une réponse plutôt gênée de la part de Boualem Djebar. Il y a là comme un aveu d'échec.Le délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), invité hier de l'émission de la Chaîne 3 de la Radio nationale, a esquivé la question en rapport avec le bilan d'étape de l'opération «mise en conformité fiscale». Boualem Djebar a simplement affirmé que l'opération qui court jusqu'à la fin de l'année, se déroule «normalement». Le délégué général de l'Abef a même déclaré ignorer le montant collecté par les banques. Une manière de botter en touche, sur un dossier qui a été pendant plusieurs mois un centre d'intérêt du gouvernement, voire la disposition-phare de la loi de finances complémentaire de 2015.Le ministre des Finances est allé jusqu'à présenter cette mise en conformité fiscale. Le propos du délégué général de l'Abef est, effectivement, très éloigné de l'enthousiasme du ministre des Finances qui n'hésitait pas à annoncer que la baisse de la trésorerie générée par la baisse des prix des hydrocarbures sera épongée par la bancarisation de l'argent de l'informel. Estimant sa valeur à quelque 10 milliards de dollars, Abderrahmane Benkhelfa était, au lendemain de l'adoption de la LFC 2015, très optimiste quant à la réussite de l'opération.Plus de six mois après sa mise en oeuvre, force est de constater que la réalité du terrain a tendance à démentir le ministre. Et pour cause, Benkhelfa qui avait, il y a quelques mois, affirmé qu'il ferait une communication sur le sujet au début de l'année 2016 n'a pas tenu sa promesse.Au lieu de cela, l'opinion nationale a eu droit à une réponse plutôt gênée de la part de Boualem Djebar. Il a d'ailleurs soutenu que la mise en conformité fiscale n'était pas le seul moyen pour les banques de récupérer l'argent circulant sur le marché parallèle. Il y a là comme un aveu d'échec d'une opération présentée comme très courageuse.Cet échec pointait déjà du nez, lorsqu'une rumeur de changement de billets de banque a fait exploser le taux de change sur le marché parallèle de la devise. Les explications des experts tendaient à accréditer la thèse selon laquelle les détenteurs d'importantes sommes en liquide s'étaient dépêchés de les convertir en euros et en dollars, plutôt que de profiter de l'opération de bancarisation contre le paiement d'une taxe de 7% du montant déposé auprès d'une banque algérienne.Le petit séisme provoqué par la rumeur a amené les pouvoirs publics à s'expliquer plus en lançant une campagne de communication en direction des détenteurs de ces sommes pour les introduire dans le circuit bancaire national.La campagne n'a pas produit d'effet, puisque Boualem Djebar a, dans son intervention d'hier à la radio, remis le sujet sur le tapis, insinuant que la communication n'a pas été si bonne que cela.Face à cette gestion quelque peu approximative par les pouvoirs publics, les experts financiers en sont arrivés à se poser des questions sur la volonté réelle de l'Etat à faire débarrasser effectivement le paysage économique du poison qu'est la finance parallèle. Ils en veulent pour preuve, la «méga» opération de police qui a ciblé la «bourse parallèle» algérienne, sise place square Port Saïd. Une intervention spectaculaire pour un résultat décevant, puisque quelques jours après la descente de police, les cambistes ont repris leurs activités, le plus normalement du monde.L'ensemble des observateurs sont, à ce propos, d'accord sur le fait que l'activité à Port Saïd est antinomique avec un discours qui se veut contre la finance parallèle. En effet, peut-on raisonnablement croire que les pontes du marché parallèle entrent dans les rangs, lorsqu'ils peuvent réaliser tranquillement des transactions financières en milliards de dinars au vu et su de tous.C'est ce discours à double vitesse que le ministre des Finances et même le délégué général de l'Abef ne parviennent pas à assumer, et qui conduit l'opération de bancarisation de l'argent de l'informel droit dans le mur, estiment les observateurs de la scène financière nationale.




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