Algérie

Une symbolique en perdition



Tiaret est la première ville à se souvenir de cette date aussi mémorable que tragique. La date à laquelle Ali Maâchi et ses deux compagnons de lutte, Djilali Bensotra et Mohamed Djahlène, sont atrocement assassinés sur la place publique au vu et au su de tous, pour servir d'exemple et dissuader les Algériens quant à une rébellion contre le colonisateur français.Comme chaque année depuis 1997, la journée du 8 juin symbolise la Fête nationale de l'artiste, toutes disciplines confondues. Le Prix du Président de la République y est décerné et des festivités sont organisées ça et là à travers le territoire national par des instances publiques ou privées qui veulent "marquer le coup". Mais que reste-t-il de la symbolique de cette journée face à la détérioration de l'art en général et du chant et de la musique en particulier ' Tiaret est la première ville à se souvenir de cette date aussi mémorable que tragique. La date à laquelle Ali Maâchi et ses deux compagnons de lutte, Djilali Bensotra et Mohamed Djahlène, sont atrocement assassinés sur la place publique au vu et au su de tous, pour servir d'exemple et dissuader les Algériens quant à une rébellion contre le colonisateur français de l'époque. Cela s'est passé un certain 8 juin de l'an 1958. Ce 8 juin 2018, nous commémorons les 60 ans de cette exécution sauvage de l'art à travers l'extermination de la bonne parole et l'élimination du message de lutte véhiculé par cette parole. Une liberté d'expression chèrement payée par un Ali Maâchi et bien d'autres artistes qui ont sacrifié leur art et leur vie pour la bonne cause. La cause algérienne. Que reste-t-il de cette cause aujourd'hui ' Certes, l'Algérie est libre, mais sa liberté est menacée par une ignorance criante et une indifférence méprisante de ces sacrifices consentis hier. "Pour beaucoup, l'Art n'est qu'une manière de s'amuser et de passer du bon temps", nous dira un citoyen d'un certain âge, interrogé, hier soir, dans une rue d'Alger. "Oui, bien sûr que je connais Ali Maâchi, ses paroles sont propres et ses chansons étaient utiles à la société". Et son ami de renchérir : "Ce n'est pas comme de nos jours où on chante tout et n'importe quoi, tout y passe et sans vergogne, et ça rentre jusqu'à dans nos foyers et malgré nous...". Et il a été question de ces émissions télé, caméra cachée et autres, qui n'en finissent pas de faire parler d'elles. Un "art" intrus que tous déplorent, mais qui continue à sévir sur nos écrans chaque Ramadhan. Mais pour revenir à cette date du 8 juin, un petit sondage de rue lors de ces soirées ramadhanesques 2018 nous dévoile la totale méconnaissance de nos jeunes de la symbolique de cette date.
Certains fêtards nocturnes interrogés à l'entrée d'une salle de concert nous diront : "Aucune idée, nous ne connaissons pas cette histoire, mais c'est tant mieux si on va la fêter. Nous, on veut pas de passé, on veut s'amuser et vivre notre présent". "Légitime est ce v?u innocent, mais un bon encadrement s'impose", dira une maman interrogée venue accompagnée ses enfants. "Nous, parents, faisons de notre mieux, mais le système éducatif, les médias et une meilleure gestion des expressions artistiques sont l'affaire de beaucoup d'instances externes". Un 8 juin 2018 qui signera 60 années d'un sacrifice qui se voulait agitateur de conscience...
Samira Bendris-Oulebsir


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)